dimanche 20 juillet 2014

"L'Architecture en uniforme" à la Cité de l'architecture

Il est rare qu'on sorte d'une exposition dont on attendait beaucoup en étant pleinement satisfait. Mais c'est le cas de celle que présente la Cité de l'architecture, jusqu'au 8 septembre, sous le titre L'Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale.  L'exposition est organisée en 17 sections qui ne font aucune impasse : après l'évocation rapide des conséquences de la Première Guerre mondiale, on découvre l'ampleur des destructions de Guernica à Hiroshima, la construction des fortifications de la ligne Maginot au mur de l'Atlantique, l'implication des architectes dans la propagande politique, leur rôle dans la préservation des monuments historiques et le camouflage des lieux stratégiques, on poursuit en abordant les progrès de la construction et notamment de la préfabrication pendant la guerre, sans oublier la création de nouveaux matériaux liée au recours obligatoire aux ersatz ou le maintien d'ateliers d'architecture dans les camps de prisonniers... Rien ne semble avoir échappé à la perspective du commissaire de l'exposition Jean-Louis Cohen. On perçoit par ailleurs bien certaines tendances à l’œuvre pendant le conflit : la simplification des constructions destinées aux militaires ou aux réfugiés, incarnée par les recherches de Prouvé ou de Buckminster Fuller ; le gigantisme qui se manifeste aussi bien dans le camp d'Auschwitz ou la base de V2 de Peenemünde que dans le complexe nucléaire d'Oak Ridge (Tennessee) ou au Pentagone. On croise par ailleurs, à travers l'exposition, presque toutes les figures majeures de l'architecture de la première moitié du vingtième siècle qui n'ont pu échapper, d'une manière ou d'une autre, aux conséquences du conflit. L'ensemble est très riche (il faut prévoir au moins trois bonnes heures pour en faire le tour). Mais l'exposition évite l'écueil de l'accumulation indigeste grâce à une sélection très pertinente des documents présentés (il s'agit pour une part de reproductions, notamment pour les tirages récents de clichés anciens, mais cela ne gêne en rien la visite). Elle est susceptible d'intéresser aussi bien les spécialistes d'histoire de l'architecture que les passionnés de la Deuxième Guerre mondiale et même, grâce à un bel effort de vulgarisation, n'importe quel amateur d'histoire. Soulignons par ailleurs que la scénographie est très efficace, ce qui n'est pas toujours le cas à la Cité de l'architecture : on circule parfaitement d'un côté à l'autre d'une galerie toute en longueur en tournant, au milieu, autour de tables, mais sans jamais avoir besoin de revenir sur ses pas. Cette manifestation coorganisée avec le Centre canadien d'architecture mérite donc incontestablement le détour. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25413-architecture_en_uniforme.html

samedi 19 juillet 2014

Les ministres et les arts

Le vingt-sixième numéro des Livraisons d'histoire de l'architecture a été publié à la fin de l'année 2013. Il est essentiellement consacré aux relations entre "les ministres et les arts", surtout aux dix-huitième et dix-neuvième siècles. On pourra par ailleurs lire dans ce numéro un article de Philippe Dufieux sur la sculpture du Palais de Chaillot. 

Henri Bouchard (1875-1960), Apollon Musagète,  Palais de Chaillot, 1937-1938

mercredi 25 juin 2014

Bernard Zehrfuss à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente, jusqu'au 13 octobre 2014, une exposition de l’œuvre de Bernard Zehrfuss (1911-1996) intitulée "La poétique de la structure". L'exposition n'est pas aussi ambitieuse que celle consacrée à Bernard Tschumi au Centre Pompidou : on a en fait affaire à une rétrospective des principales étapes de la vie professionnelle de l'architecte, de ses débuts dans l'Afrique du Nord en reconstruction à partir de 1943 au musée gallo-romain construit à Lyon dans les années 1980, en passant par le siège parisien de l'Unesco et l'aménagement de la Défense autour du projet du Cnit. On peut regretter l'absence d'un véritable parti, peut-être liée au fait que l'exposition est la première consacrée à l'architecte, en tous cas depuis longtemps. On peut aussi regretter le passage un peu rapide sur certains faits : l'obtention par Zehrfuss du Grand Prix de Rome en 1939, ses tentatives peu concluantes de s'illustrer dans le logement social avec l'immense barre du Haut-du-Lièvre de Nancy, le rôle de son agence sont par exemple peu évoqués. La concentration sur les seules œuvres construites ne laisse par ailleurs que peu de place à des approches transversales, ce qui est très dommage car les quelques films présentés dans le cadre de l'exposition laissent penser que Zehrfuss n'était pas dépourvu d'idées, sur le rôle social de l'architecte et sur la formation au sein des écoles d'architecture en particulier. Mais l'exposition, qui témoigne par ailleurs d'une solide érudition, mérite incontestablement le détour.    

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25535-bernard_zehrfuss_1911-1996.html

Cnit, 1952-1958, Zehrfuss architecte.

dimanche 22 juin 2014

"Proximité(s)" à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 29 juin dans le hall About une exposition intitulée Proximité(s). Organisée par l'Observatoire de la ville grâce au mécénat de Bouygues, cette manifestation d'architecture et d'urbanisme évoque de manière très suggestive les recherches menées dans le domaine des transports et des communications pour rendre les villes plus agréables à leurs habitants. Les questions qui fâchent sont soigneusement laissées de côté : résolument optimiste, l'exposition ignore les effets pervers de la gentrification des centre-villes, elle néglige la course à la tertiarisation de haut niveau entraînant la construction de millions de m² de bureaux qui restent bien souvent vides et elle ne se pose pas la question, pourtant cruciale dans le cas de la France, de la macrocéphalie urbaine. On aurait cependant tort de ne pas profiter de cette occasion de voir présenter, de manière originale, de nombreux projets européens très innovants. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25415-proximites.html

vendredi 30 mai 2014

Rétrospective Bernard Tschumi au Centre Pompidou

Le Centre Pompidou présente, jusqu'au 28 juillet 2014 une rétrospective de l’œuvre de l'architecte franco-suisse Bernard Tschumi. Né à Genève en 1944, fils de l'architecte suisse Jean Tschumi (1904-1962), Bernard Tschumi a suivi des études d'architecture à l'école polytechnique de Zurich, tout en travaillant en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis où il est devenu enseignant. A travers une présentation à la fois thématique et chronologique de son œuvre, on découvre que Tschumi a longtemps réfléchi sur l'architecture avant de construire et d'enseigner. Il a naturellement reçu l'influence de son père dont un magnifique dessin de 1932 est exposé en fin parcours, mais il aussi été marqué par Le Corbusier ainsi que par Candilis, Josic et Woods dans l'agence desquels il fait un stage. Il a aussi été marqué par les artistes qu'il a rencontrés à New Yok, parmi lesquels figurait notamment Cindy Sherman. Mais Tschumi affirme aussi avoir beaucoup appris des cinéastes : le Frankenstein de James Whale, les auteurs de la Nouvelle Vague et surtout l'Alexandre Nevski d'Eisenstein l'ont apparemment profondément marqué. En outre, il a utilisé, pour élaborer certains de ses concepts, les écrits de plusieurs figures de proue de la french theory : Foucault, Barthes et surtout Derrida dont il s'est évertué à appliquer à l'architecture le concept de "déconstruction". Mais l'exposition n'est bien sûr pas seulement une biographie intellectuelle de l'architecte, elle propose une vision d'ensemble de son œuvre, à travers des maquettes et de très nombreux dessins, de ses projets théoriques des années 1970 à la rénovation du zoo de Vincennes en passant par le parc de la Villette et ses folies. L'ensemble s'avère très intéressant, notamment si on prend le temps de visionner le film qui introduit l'exposition et qui permet de mieux comprendre les théories parfois sophistiquées de Tschumi.

http://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-89a7b47148deddfcc3d238eb55e47b6&param.idSource=FR_E-89a7b47148deddfcc3d238eb55e47b6

samedi 3 mai 2014

Patrimoine bulgare et Prix Aga Khan à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente en ce moment deux petites expositions. Jusqu'au 5 mai, on peut voir une série de panneaux évoquant un atelier de l'école de Chaillot qui s'est déroulé à Skortsité, en Bulgarie. Et jusqu'au 12 mai, on peut aussi voir une brève présentation des lauréats du prix Aga Khan pour l'architecture en contexte musulman ainsi qu'une courte rétrospective de l'histoire de ce prix trisannuel depuis 1977.

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25525-skortsite_un_atelier_sur_site_dans_les_balkans.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25414-5_projets_pour_un_monde_responsable_-_prix_aga_khan_darchitecture_2013.html

Marc Mimram architecte, Pont Rabat-Salé au Maroc

vendredi 25 avril 2014

Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères de Versailles

La Fabrique de l'histoire a récemment diffusé une balade radiophonique en compagnie de l'historien du patrimoine Basile Baudez et de la conservatrice des bibliothèques de Versailles Sophie Danis. Le but de cette visite très évocatrice : les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères. Construits quelques décennies avant la Révolution à proximité du château de Versailles, ces édifices furent les tout premiers conçus spécifiquement, en France, pour abriter les bureaux de ministères. 

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ministre-et-ministere-13-2014-01-13