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vendredi 1 décembre 2017

"Relever l'héritage IV. Restaurer Rome"

Viollet-le-Duc, Ruines du frigidarium des thermes de Caracalla, 1836-1837.

Le quatrième des cours publics de l'école de Chaillot était cette année donné par Jean-Philippe Garric. Il était intitulé "Restaurer Rome", portait sur la période allant du quinzième au vingtième siècle et se concentrait sur l'influence exercée, auprès des architectes, par les ruines de Rome et leur éventuelle restauration. Cette subtile problématique était illustrée par des exemples très précis, montrant notamment le rôle déterminant des paysages urbains romains dans la formation des architectes français, et le rôle non moins important de ces derniers dans la diffusion de modèles inspirés de ces ruines, ou plutôt des monuments qu'on reconstruisait sur le papier et parfois dans la réalité à partir de ces ruines.

vendredi 10 novembre 2017

"Relever l'héritage II. Des cathédrales à reconstruire"

Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, reconstruite après les Guerres de religion dans un style inspiré du gothique flamboyant, jusque dans la façade du dix-huitième siècle. 
Enseignant à l'Université de Cergy-Pontoise, Mathieu Lours a donné, le 9 novembre, le deuxième des douze cours publics de l'école de Chaillot pour la session 2017-2018. Intitulé "Des cathédrales à reconstruire, entre idéalité et desseins temporels (seizième-dix-neuvième siècles)", ce cours s'est avéré des plus stimulants.

Après une introduction justifiant le choix des cathédrales comme sujet d'étude des processus de reconstruction, M. Lours a expliqué que de nombreuses cathédrales avaient été totalement ou partiellement détruites à partir de 1562, par des protestants les considérant comme des symboles des dérives "papistes" (à Rouen, Meaux et surtout dans les régions protestantes du Languedoc). Il a ensuite procédé à une revue de cas de reconstructions, après l'édit de Nantes, des cathédrales détruites pendant les Guerres de religion, Il a souligné que, malgré quelques similitudes, il s'agissait presque à chaque fois de cas d'espèce allant d'une reconstruction à l'identique (Valence) à un abandon complet des ruines (Maillezais) en passant par des reconstitutions archéologiques (Die) ou archaïsantes (Orléans), sans oublier un certain nombre de modernisations stylistiques (Montauban) ou plus liturgiques (Orange). Dans tous les cas, M. Lours a noté la dimension essentiellement fonctionnelle de la démarche des reconstructeurs et leur tendance bien française à établir au sein d'un édifice une véritable unité de style.

Dans un deuxième temps, et non sans multiplier les comparaisons avec le seizième siècle, M. Lours s'est penché sur la période révolutionnaire. Il a souligné qu'on avait très peu d'images de destruction des cathédrales et a insisté sur le fait que le vandalisme n'avait pas pris, pendant la période révolutionnaire, une dimension aussi systématique que pendant les Guerres de religion. On a surtout, d'après lui, après 1793, utilisé des cathédrales comme carrières de pierre, ou on les a laissées tomber en ruines, à Cambrai, Arras ou Avranches notamment. On a d'autre part, au dix-neuvième siècle, achevé la construction de certaines cathédrales. Et on a parfois détruit certaines de leurs parties intactes avant de les rétablir différemment, dans le but de favoriser la fameuse unité de style qui tendait de plus en plus à s'imposer. 

Au vingtième siècle, enfin, après avoir songé à une "patrimonialisation des ruines", on a finalement reconstruit la cathédrale de Reims (après 1918) et celle de Saint-Dié-des-Vosges (après 1945), en redonnant globalement à ces édifices, dans les deux cas, leur apparence d'avant-guerre.

vendredi 3 novembre 2017

"Relever l'héritage I. Vénération monumentale ou nouvelles cohésions collectives ?"

Paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, estampe, vers 1645.

La douzième cycle de cours publics de l'école de Chaillot a commencé le jeudi 2 novembre. Cette session de douze cours qui s'annonce passionnante est cette année consacrée au thème "Relever l'héritage après les ruptures de l'histoire", ce qui complète assez bien l'exposition en trois volets des années 2014-2015 à la Cité de l'architecture "Un bâtiment, combien de vies ?".

Ci-dessous un lien vers le site de la Cité de l'architecture et vers la brochure présentant l'ensemble des douze cours (pour l'ensemble desquels on peut apparemment toujours s'inscrire) :

https://www.citedelarchitecture.fr/fr/cycles/cours-public-dhistoire-actualite-de-larchitecture

https://www.citedelarchitecture.fr/sites/default/files/documents/2017-10/bochure_programme_cp_2017-2018_0.pdf

Le premier cours était donné par Fabienne Chevallier. Il a pris la forme d'une très roborative présentation des monuments historiques comme objets de vénération et instruments de cohésion sociale. Après une brève introduction théorique sur ces deux notions, F. Chevallier a présenté les sept études de cas suivantes : 

1. L'Hôtel-Dieu de Paris, victime de nombreux incendies mais inlassablement reconstruit sur place et selon des plans semblables pendant le dix-huitième et le dix-neuvième siècles, en raison d'une "continuité paresseuse" et à cause de la notion de charité chrétienne associée à la proximité de Notre-Dame. 
2. Le développement volontariste d'une nouvelle capitale pour le grand-duché de Finlande passé de la tutelle suédoise à celle de l'empire russe en 1809, ce qui s'est traduit par la construction à Helsinki d'édifices néoclassiques sobrement décorés et de nos jours considérés comme des monuments de l'identité finlandaise. 
3. La tour Saint-Jacques et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, réinventées comme monuments médiévaux au milieu du dix-neuvième siècle, en pleine période néogothique. 
4. La cathédrale du Sang versé construite à Saint-Pétersbourg à partir de 1883 en hommage au Tsar Alexandre II.et en hommage, aussi, à l'architecture traditionnelle du Moyen Âge russe, en rupture avec le style néoclassique promu à Helsinki au début du siècle. 
5. La reconstruction d'Arras après la Première Guerre mondiale, entamée avec beaucoup d'intelligence selon F. Chevallier par l'architecte Pierre Paquet et poursuivie, jusque dans les années 1970-1990 par Pierre Rousse. 
6. La reconstruction du Havre sous la direction d'Auguste Perret après la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup plus problématique quoique non dénuée de qualités selon F. Chevallier. 
7. Enfin, la réutilisation après la chute du Rideau de fer, par un parlement démocratique, de l'immense palais éclectique construit à Bucarest pendant la dictature de Ceausescu. 

https://www.citedelarchitecture.fr/fr/evenement/relever-lheritage-veneration-monumentale-ou-nouvelles-cohesions-collectives

samedi 27 février 2016

Actualité de la Cité de l'architecture

On peut encore voir jusqu'au 29 février, plusieurs expositions actuellement présentées à la Cité de l'architecture. Outre la très bonne rétrospective de l'Atelier d'urbanisme et d'architecture, les deux principales expositions sont consacrées à Chandigarh et à Renzo Piano. Celle sur Chandigarh n'est pas inintéressante mais se disperse en une multitude d'approches, essayant assez vainement de retracer l'histoire de la ville avant, pendant et après Le Corbusier dont le cinquantenaire de la mort fournit un prétexte un peu mince à la manifestation. Celle sur Renzo Piano est plus convaincante : conçue en collaboration avec l'agence de l'architecte, elle a l'intelligence de se concentrer sur quelques chantiers majeurs qui ont jalonné la carrière de Piano depuis le milieu des années 1970 ; cela permet de bien comprendre sa manière de travailler, conciliant intérêt pour la technologie, sensibilité à l'histoire et souci de l'écologie, dans une démarche très pragmatique. On peut par ailleurs voir une exposition des recherches menées par l'école de Chaillot sur la ville bretonne de Tréguier et une série de photographies prises par les habitants d'Athènes au travers de leurs fenêtres.

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25966-chandigarh_50_ans_apres_le_corbusier.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25964-la_methode_piano.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25967-nouveaux_regards_sur_le_patrimoine_de_la_cite_de_treguier.html

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dimanche 4 janvier 2015

AJAP 2014 et Ciciliano à la Cité de l'architecture

Plus qu'un jour pour voir, à la Cité de l'architecture, les Albums des jeunes architectes et paysagistes 2014, qui semblent marqués par une moindre attention que lors des éditions précédentes aux questions d'environnement et de construction durable (mais c'est peut-être dû aux choix du jury plus qu'à une tendance de fond). On peut par ailleurs voir, jusqu'au 19 janvier, comme d'habitude un peu desservi par une exposition dans les couloirs souterrains de la Cité, le projet des étudiants de l'école de Chaillot pour le village médiéval de Ciciliano, dans le Latium. 



Château de Theodoli, Ciciliano.

samedi 8 novembre 2014

Hortense Soichet, Quintin et Alexandre-Mathurin Pêche

En attendant les grandes expositions de l'hiver (Viollet-le-Duc et "Revoir Paris") qui commenceront le 20 novembre, on peut voir à la Cité de l'architecture quelques petites expositions. Premièrement "Hortense Soichet. Espaces partagés" qui se compose de photographies et d'interviews d'habitants de grands ensembles. Ensuite, le projet des étudiants de l'école de Chaillot consistant à restaurer un couvent du dix-septième siècle de la petite ville de Quintin dans les Côtes-d'Armor. Enfin, parmi les "nouvelles acquisitions", une série de pastels du sculpteur et peintre Alexandre-Mathurin Pêche (1872-1955) concernant les expositions de Paris (de l'exposition universelle de 1900 à celle de 1937 en passant par l'exposition internationale de 1925 et l'exposition coloniale de 1931). Rien d'immanquable, donc, même si ces trois expositions peuvent s'avérer intéressantes.  

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25627-hortense_soichet_espaces_partages.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25625-quintin_a_la_reconquete_de_son_patrimoine_et_le_village_medieval_de_ciciliano_en_italie.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/nouvelles_acquisitions/25629-le_tour_du_monde_en_un_jour.html

A.-M. Pêche, Feux d'artifice à la tour Eiffel, 1937.

dimanche 23 juin 2013

Ecoconstruction, moulages et patrimoine à la Cité de l'architecture

Parallèlement aux deux expositions majeures consacrées à Breuer et Ricciotti, la Cité de l'architecture présente en ce moment, plusieurs expositions de moindre ampleur. L'exposition sur les lauréats du "Global award for sustainable architecture" est intéressante (et gratuite), mais très limitée : les projets de trois des cinq lauréats de la dernière édition sont présentés de manière succincte. L'exposition des recherches des élèves de l'école de Chaillot se limite elle aussi à des supports papiers, mais elle est plus conséquente : elle permet de découvrir une vingtaine d'études de cas portant sur des petites villes (surtout dans le Sud-est et le Bassin parisien) n'ayant pas encore valorisé leur patrimoine. Ces deux manifestations dureront jusqu'au premier juillet 2013. Signalons enfin une exposition sur le sculpteur Geoffroy-Dechaume (1816-1892), curieusement scindée en trois parties dont deux n'apportent pas grand chose malgré d'encombrantes installations assez peu fonctionnelles (pour écouter les dix minutes d'explications de la première étape, il faut changer quatre fois de casque...). Cette dernière exposition mérite le détour, même si elle est de facture très classique et assez hagiographique, s'abstenant notamment de remettre en cause les grandes campagnes de restaurations des monuments historiques auxquelles Geoffroy-Dechaume a participé sous la direction de Viollet-le-Duc.