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vendredi 10 novembre 2017

"Relever l'héritage II. Des cathédrales à reconstruire"

Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, reconstruite après les Guerres de religion dans un style inspiré du gothique flamboyant, jusque dans la façade du dix-huitième siècle. 
Enseignant à l'Université de Cergy-Pontoise, Mathieu Lours a donné, le 9 novembre, le deuxième des douze cours publics de l'école de Chaillot pour la session 2017-2018. Intitulé "Des cathédrales à reconstruire, entre idéalité et desseins temporels (seizième-dix-neuvième siècles)", ce cours s'est avéré des plus stimulants.

Après une introduction justifiant le choix des cathédrales comme sujet d'étude des processus de reconstruction, M. Lours a expliqué que de nombreuses cathédrales avaient été totalement ou partiellement détruites à partir de 1562, par des protestants les considérant comme des symboles des dérives "papistes" (à Rouen, Meaux et surtout dans les régions protestantes du Languedoc). Il a ensuite procédé à une revue de cas de reconstructions, après l'édit de Nantes, des cathédrales détruites pendant les Guerres de religion, Il a souligné que, malgré quelques similitudes, il s'agissait presque à chaque fois de cas d'espèce allant d'une reconstruction à l'identique (Valence) à un abandon complet des ruines (Maillezais) en passant par des reconstitutions archéologiques (Die) ou archaïsantes (Orléans), sans oublier un certain nombre de modernisations stylistiques (Montauban) ou plus liturgiques (Orange). Dans tous les cas, M. Lours a noté la dimension essentiellement fonctionnelle de la démarche des reconstructeurs et leur tendance bien française à établir au sein d'un édifice une véritable unité de style.

Dans un deuxième temps, et non sans multiplier les comparaisons avec le seizième siècle, M. Lours s'est penché sur la période révolutionnaire. Il a souligné qu'on avait très peu d'images de destruction des cathédrales et a insisté sur le fait que le vandalisme n'avait pas pris, pendant la période révolutionnaire, une dimension aussi systématique que pendant les Guerres de religion. On a surtout, d'après lui, après 1793, utilisé des cathédrales comme carrières de pierre, ou on les a laissées tomber en ruines, à Cambrai, Arras ou Avranches notamment. On a d'autre part, au dix-neuvième siècle, achevé la construction de certaines cathédrales. Et on a parfois détruit certaines de leurs parties intactes avant de les rétablir différemment, dans le but de favoriser la fameuse unité de style qui tendait de plus en plus à s'imposer. 

Au vingtième siècle, enfin, après avoir songé à une "patrimonialisation des ruines", on a finalement reconstruit la cathédrale de Reims (après 1918) et celle de Saint-Dié-des-Vosges (après 1945), en redonnant globalement à ces édifices, dans les deux cas, leur apparence d'avant-guerre.

vendredi 3 novembre 2017

"Relever l'héritage I. Vénération monumentale ou nouvelles cohésions collectives ?"

Paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois, estampe, vers 1645.

La douzième cycle de cours publics de l'école de Chaillot a commencé le jeudi 2 novembre. Cette session de douze cours qui s'annonce passionnante est cette année consacrée au thème "Relever l'héritage après les ruptures de l'histoire", ce qui complète assez bien l'exposition en trois volets des années 2014-2015 à la Cité de l'architecture "Un bâtiment, combien de vies ?".

Ci-dessous un lien vers le site de la Cité de l'architecture et vers la brochure présentant l'ensemble des douze cours (pour l'ensemble desquels on peut apparemment toujours s'inscrire) :

https://www.citedelarchitecture.fr/fr/cycles/cours-public-dhistoire-actualite-de-larchitecture

https://www.citedelarchitecture.fr/sites/default/files/documents/2017-10/bochure_programme_cp_2017-2018_0.pdf

Le premier cours était donné par Fabienne Chevallier. Il a pris la forme d'une très roborative présentation des monuments historiques comme objets de vénération et instruments de cohésion sociale. Après une brève introduction théorique sur ces deux notions, F. Chevallier a présenté les sept études de cas suivantes : 

1. L'Hôtel-Dieu de Paris, victime de nombreux incendies mais inlassablement reconstruit sur place et selon des plans semblables pendant le dix-huitième et le dix-neuvième siècles, en raison d'une "continuité paresseuse" et à cause de la notion de charité chrétienne associée à la proximité de Notre-Dame. 
2. Le développement volontariste d'une nouvelle capitale pour le grand-duché de Finlande passé de la tutelle suédoise à celle de l'empire russe en 1809, ce qui s'est traduit par la construction à Helsinki d'édifices néoclassiques sobrement décorés et de nos jours considérés comme des monuments de l'identité finlandaise. 
3. La tour Saint-Jacques et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, réinventées comme monuments médiévaux au milieu du dix-neuvième siècle, en pleine période néogothique. 
4. La cathédrale du Sang versé construite à Saint-Pétersbourg à partir de 1883 en hommage au Tsar Alexandre II.et en hommage, aussi, à l'architecture traditionnelle du Moyen Âge russe, en rupture avec le style néoclassique promu à Helsinki au début du siècle. 
5. La reconstruction d'Arras après la Première Guerre mondiale, entamée avec beaucoup d'intelligence selon F. Chevallier par l'architecte Pierre Paquet et poursuivie, jusque dans les années 1970-1990 par Pierre Rousse. 
6. La reconstruction du Havre sous la direction d'Auguste Perret après la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup plus problématique quoique non dénuée de qualités selon F. Chevallier. 
7. Enfin, la réutilisation après la chute du Rideau de fer, par un parlement démocratique, de l'immense palais éclectique construit à Bucarest pendant la dictature de Ceausescu. 

https://www.citedelarchitecture.fr/fr/evenement/relever-lheritage-veneration-monumentale-ou-nouvelles-cohesions-collectives

mardi 10 mai 2016

"Le patrimoine détruit par la guerre"

L'émission de France Culture Du Grain à moudre a récemment diffusé un débat intitulé "Le patrimoine détruit par la guerre est-il perdu ?". Il y était notamment question des récentes destructions causées par Daech en Syrie, mais les participants ont aussi évoqué la reconstruction en Europe après la Seconde Guerre mondiale.

http://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/le-patrimoine-detruit-par-la-guerre-est-il-perdu

vendredi 24 juillet 2015

Histoire des ruines

La Fabrique de l'histoire a récemment diffusé une série de quatre émissions sur les ruines. Cette semaine était introduite par une heure passionnante en compagnie de l'archéologue Alain Schnapp. La deuxième émission, tout aussi intéressante, se composait d'une promenade patrimoniale dans la ville de Beyrouth, ville en voie de gentrification anarchique où les traces de la guerre civile ont pratiquement été effacées. Le troisième temps de cette semaine portait sur la préservation matérielle des ruines, telle qu'elle est pratiquée par les archéologues. La quatrième et dernière émission se penche sur les ruines de la période de la Commune à Paris. 

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ruines-14-2014-05-12

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ruines-24-2014-05-13

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ruines-34-2014-05-14

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ruines-44-2014-05-15

dimanche 20 juillet 2014

"L'Architecture en uniforme" à la Cité de l'architecture

Il est rare qu'on sorte d'une exposition dont on attendait beaucoup en étant pleinement satisfait. Mais c'est le cas de celle que présente la Cité de l'architecture, jusqu'au 8 septembre, sous le titre L'Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale.  L'exposition est organisée en 17 sections qui ne font aucune impasse : après l'évocation rapide des conséquences de la Première Guerre mondiale, on découvre l'ampleur des destructions de Guernica à Hiroshima, la construction des fortifications de la ligne Maginot au mur de l'Atlantique, l'implication des architectes dans la propagande politique, leur rôle dans la préservation des monuments historiques et le camouflage des lieux stratégiques, on poursuit en abordant les progrès de la construction et notamment de la préfabrication pendant la guerre, sans oublier la création de nouveaux matériaux liée au recours obligatoire aux ersatz ou le maintien d'ateliers d'architecture dans les camps de prisonniers... Rien ne semble avoir échappé à la perspective du commissaire de l'exposition Jean-Louis Cohen. On perçoit par ailleurs bien certaines tendances à l’œuvre pendant le conflit : la simplification des constructions destinées aux militaires ou aux réfugiés, incarnée par les recherches de Prouvé ou de Buckminster Fuller ; le gigantisme qui se manifeste aussi bien dans le camp d'Auschwitz ou la base de V2 de Peenemünde que dans le complexe nucléaire d'Oak Ridge (Tennessee) ou au Pentagone. On croise par ailleurs, à travers l'exposition, presque toutes les figures majeures de l'architecture de la première moitié du vingtième siècle qui n'ont pu échapper, d'une manière ou d'une autre, aux conséquences du conflit. L'ensemble est très riche (il faut prévoir au moins trois bonnes heures pour en faire le tour). Mais l'exposition évite l'écueil de l'accumulation indigeste grâce à une sélection très pertinente des documents présentés (il s'agit pour une part de reproductions, notamment pour les tirages récents de clichés anciens, mais cela ne gêne en rien la visite). Elle est susceptible d'intéresser aussi bien les spécialistes d'histoire de l'architecture que les passionnés de la Deuxième Guerre mondiale et même, grâce à un bel effort de vulgarisation, n'importe quel amateur d'histoire. Soulignons par ailleurs que la scénographie est très efficace, ce qui n'est pas toujours le cas à la Cité de l'architecture : on circule parfaitement d'un côté à l'autre d'une galerie toute en longueur en tournant, au milieu, autour de tables, mais sans jamais avoir besoin de revenir sur ses pas. Cette manifestation coorganisée avec le Centre canadien d'architecture mérite donc incontestablement le détour. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25413-architecture_en_uniforme.html

samedi 31 mars 2012

"Réparations, dédommagements. Revendications, évaluations et action publique"

La revue Histoire et mesure organise à l'EHESS, le 3 avril 2012, une journée d'études sur les réparations et les dédommagements. De nombreuses communications, publiées dans un prochain numéro de la revue, portent sur l'indemnisation des expropriations aux XVIIe et XVIIIe siècles, à Paris, Lyon et Marseille, d'autres abordent la question de la réparation des dommages de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale.

http://calenda.revues.org/nouvelle23350.html

dimanche 11 mars 2012

Photographies à l'oeuvre

Le Jeu de Paume présente au château de Tours, jusqu'au 20 mai 2012, une exposition hors les murs consacrée à la deuxième reconstruction. Cette exposition est intitulée "Photographie à l'oeuvre" et présente environ 150 photographies prises, pendant les années 1944-1958 par le service photographique du MRU (Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme) au Havre, à Brest, Orléans, Tours, Noisy-le-Sec, etc. Ces photographies ne sont pas dénuées de valeur esthétique (les organisateurs établissent des parallèles avec l'oeuvre d'Atget et avec celle de Doisneau), mais elles valent surtout pour leur aspect documentaire. Elles permettent, en effet, de mieux comprendre la reconstruction, de ses prémisses sous le régime de Vichy à son achèvement à la fin des années 1950. La scénographie de cette modeste exposition est très sobre et les textes qui accompagnent les photographies sont brefs et très mesurés dans leur propos : ainsi, le caractère systématique de la modernisation entreprise par le MRU n'est pas passé sous silence. L'exposition bénéficie d'un site Internet qui permet notamment de visionner plusieurs films tournés, pendant les années 1940-1950, pour promouvoir l'oeuvre du MRU :