mercredi 31 décembre 2014

"L'Aménagement du territoire" (2014) par Aurélien Bellanger

Dans La Théorie de l'information, publiée en 2012, Aurélien Bellanger (né en 1980) retraçait dans un style très documenté évoluant insensiblement vers la prose poétique, l'essor de l'aviation et des nouvelles technologies de l'information dans la banlieue ouest de Paris, en s'inspirant librement du parcours de Xavier Niel, le fondateur de Free. Ce premier roman traitait souvent d'architecture et d'urbanisme, l'auteur évoquant longuement, par exemple, la construction du centre commercial de Parly II au Chesnay. Dans L'Aménagement du territoire, A. Bellanger se penche sur le destin de deux dynasties alliées mais rivales d'un petit village fictif de la banlieue de Laval, bouleversé par les travaux du TGV Paris-Rennes. Les deux familles prospèrent dans l'agriculture et surtout dans le BTP, tout en produisant quelques rejetons qui se tournent vers la politique, les sciences humaines, l'occultisme ou le militantisme écologique. Comme dans son premier roman, l'auteur recourt systématiquement au style indirect libre, cantonnant volontairement ses personnages à des archétypes chargés d'incarner les différentes forces en présence dans cette science typiquement française qu'est l'aménagement du territoire. Il est donc, dans ce roman, question de géologie, d'histoire, de patrimoine, d'archéologie préventive, de la modernisation de l'agriculture française, des paysages bocagers de la Mayenne et de l'Ouest, de sociétés secrètes et de politique, d'autonomisme breton et de redécoupage des régions ainsi que de la place des grandes infrastructures aéroportuaires et surtout ferroviaires dans la géographie française. L'architecture est aussi évoquée, même si c'est le plus souvent de manière indirecte. L'ensemble, transcendé par une écriture poétique et efficace s'avère passionnant. 

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Ci-dessous, un extrait évoquant l'opinion d'André Taulpin, chef d'un géant du BTP dans le roman, sur la gare de Besançon (p. 199) : 

"La nouvelle gare TGV de Besançon était une caricature de l'envahissant et inhumain pouvoir des environnementalistes. Il n'était plus permis de construire des monuments en France. Ils étaient des insultes au paysage. Le dernier monument construit en France, il devait le reconnaître, l'avait été à l'instigation du président Mitterrand : c'était la pyramide du Louvre. Il n'y avait plus rien eu depuis. Tout était désormais ramassé, consensuel et honteux. La gare de Besançon, Franche-Comté TGV, située dans une zone forestière, était à demi enterrée et recouverte d'un substrat végétal. C'était un projet à Haute Qualité Environnementale. Les escaliers eux-mêmes, dont la nature brutale était depuis longtemps dénoncée par les associations de handicapés, avaient été remplacées par des rampes d'accès inclinées dont les pentes trop douces formaient d'interminables zigzags ; l'ensemble donnait l'impression qu'on avait, après l'avoir déjà chassée du centre-ville et obligée à se conformer à des normes humiliantes, voulu écraser la gare pour la faire disparaître. Elle n'avait bien sûr pas été inaugurée par le président de la République, mais par son ministre de l'Ecologie".

vendredi 26 décembre 2014

Théâtres en utopie au Lieu Unique de Nantes

Le Lieu Unique de Nantes présente, jusqu'au 4 janvier 2015, une exposition intitulée Théâtres en utopie, un parcours d'architectures visionnaires. On peut y voir 90 projets de théâtre qui, dans leur immense majorité, n'ont pas été construits. Après quelques projets de l'Antiquité qui introduisent l'exposition, on poursuit par la Renaissance, les Lumières, le dix-neuvième et le vingtième siècles, avec un fort accent mis sur la période de l'entre-deux-guerres et notamment sur les années 1920, dans l'Allemagne de Weimar, l'Italie fasciste et l'URSS. L'exposition ne présente aucun dessin original, mais confronte, pour chacun des projets présentés, des fac-similé de bonne qualité et choisis de manière pertinente à des maquettes, pour la plupart réalisées à l'aide d'imprimantes 3D. Grâce à des commentaires audio brefs mais très éclairants, l'ensemble conçu en collaboration avec la Saline royale d'Arc-et-Senans, s'avère des plus intéressants. 

http://www.lelieuunique.com/site/2014/10/11/theatres-en-utopie/

Helena et Szymon Syrkus, Andrzej Pronaszko, Maquette du théâtre simultané, 1928

samedi 20 décembre 2014

"Revoir Paris" à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 9 mars 2015 une exposition intitulée Revoir Paris. Sont mis en parallèle, dans cette exposition, d'une part des planches des auteurs de bande dessinée Schuiten et Peeters, consacrées à Paris, d'autre part, des documents iconographiques couvrant la période d'Haussmann à nos jours et évoquant la banlieue, les projets utopiques, les transports, les expositions universelles, etc. L'ensemble constitue une très bonne occasion de voir ou de revoir des projets d'Hector Horeau, d'Eugène Hénard, d'Auguste Perret et de Le Corbusier... 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25655-revoir_paris.html 

dimanche 14 décembre 2014

"Matières grises" et la tour Triangle au pavillon de l'Arsenal

Le pavillon de l'Arsenal présente, jusqu'au 4 janvier 2015, une exposition intitulée Matières grises et sous-titrée Matériaux/Réemploi/Architecture. Le dispositif est simple mais efficace : après de brefs textes expliquant les enjeux économiques et écologiques du problème du recyclage des matériaux en architecture, 75 projets franciliens, français et internationaux sont présentés de manière succincte, illustrant la très grande diversité des expériences qui recourent aux matériaux recyclés, au sens le plus large du terme, pour construire des bâtiments. On peut rester sceptique devant certaines initiatives qui semblent privilégier la créativité voire la fantaisie la plus débridée au détriment des impératifs d'économie, mais l'ensemble s'avère des plus intéressants. On peut aussi en profiter pour voir, elle aussi présentée jusqu'au 4 janvier, une modeste exposition consacrée à la tour Triangle d'Herzog et de Meuron, tour qui pourrait un jour être construite porte de Versailles. 

http://www.pavillon-arsenal.com/expositions/matiere-grise.php#.VI3Z0NKG8rU

http://www.pavillon-arsenal.com/expositions/thema_modele.php?id_exposition=282

vendredi 5 décembre 2014

"Villes visionnaires" aux Turbulences d'Orléans

Le Frac de la région Centre à Orléans, appelé les Turbulences, présente jusqu'au 22 février 2015 une exposition intitulée Villes visionnaires. Cette manifestation est dédiée à l'historien de l'architecture et militant Michel Ragon. Elle se divise en deux parties. Dans un premier temps, on découvre, à travers une riche iconographie et de nombreuses maquettes, certains des projets les plus marquants de l'architecture d'avant-garde de l'après-guerre. Dans une seconde partie, recourant essentiellement à des films et des supports numériques, sont exposés plus succinctement certains des immeubles contemporains ou des projets les plus novateurs, souvent situés en Chine ou dans les pays du Golfe. L'exposition ne prétend pas à l'exhaustivité mais est très bien conçue et présentée ; elle parvient par ailleurs très bien à confronter la dimension patrimoniale et les recherches les plus récentes, ce que la Cité de l'architecture ne parvient que trop rarement à faire. Cette réussite est probablement liée au fait que l'architecture expérimentale constitue la spécialité du Frac Centre. On peut d'ailleurs profiter de l'exposition Villes visionnaires pour visiter la collection permanente du fonds, elle aussi très intéressante. 

http://www.frac-centre.fr/villes-visionnaires-605.html

samedi 29 novembre 2014

"Corps urbains : les villes de Didier Paquignon"

Le musée Lambinet de Versailles poursuit une politique désormais pluriannuelle d'expositions liées à l'appréhension de la ville par les artistes, notamment contemporains. C'est dans ce cadre qu'y sont présentées, jusqu'au 14 décembre 2014, une cinquantaine d’œuvres de Didier Paquignon (né en 1958), qui montrent des paysages urbains, en particulier des gares et des usines, dessinés ou peints par l'artiste au cours de ses voyages en France, mais aussi en Espagne, au Portugal ainsi qu'en Grèce et en Albanie. Cette petite exposition sobrement présentée n'en est pas moins intéressante, l'artiste jetant sur les paysages urbains contemporains un regard souvent original.

samedi 22 novembre 2014

Machisme et urbanisme

L'émission de géographie Planète Terre s'est récemment demandé si l'espace urbain était machiste. D'après les trois spécialistes consultés, l'urbanisme serait effectivement une discipline virile, voire machiste, qui construit des "villes de garçons" propices à la "tyrannie du corps féminin", grave problème auquel on pourrait remédier en permettant aux femmes d'accéder plus librement à tous les espaces publics ou en leur réservant certains espaces échappant au harcèlement masculin ; cette dernière solution impliquerait la fin d'une mixité de toute façon purement théorique, les espaces publics étant largement accaparés par les garçons et les hommes, à commencer par les stades de football, notamment dans le sud de la France, terre d'un machisme endémique... Les intervenants recourent à tellement de clichés qu'il est très difficile d'être convaincu par leurs théories, mais l'émission s'avère quand même intéressante, ne serait-ce que pour illustrer certaines impasses du développement tous azimuts des gender studies.    

http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-l-espace-urbain-est-il-machiste-2014-09-03

samedi 8 novembre 2014

Hortense Soichet, Quintin et Alexandre-Mathurin Pêche

En attendant les grandes expositions de l'hiver (Viollet-le-Duc et "Revoir Paris") qui commenceront le 20 novembre, on peut voir à la Cité de l'architecture quelques petites expositions. Premièrement "Hortense Soichet. Espaces partagés" qui se compose de photographies et d'interviews d'habitants de grands ensembles. Ensuite, le projet des étudiants de l'école de Chaillot consistant à restaurer un couvent du dix-septième siècle de la petite ville de Quintin dans les Côtes-d'Armor. Enfin, parmi les "nouvelles acquisitions", une série de pastels du sculpteur et peintre Alexandre-Mathurin Pêche (1872-1955) concernant les expositions de Paris (de l'exposition universelle de 1900 à celle de 1937 en passant par l'exposition internationale de 1925 et l'exposition coloniale de 1931). Rien d'immanquable, donc, même si ces trois expositions peuvent s'avérer intéressantes.  

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25627-hortense_soichet_espaces_partages.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25625-quintin_a_la_reconquete_de_son_patrimoine_et_le_village_medieval_de_ciciliano_en_italie.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/nouvelles_acquisitions/25629-le_tour_du_monde_en_un_jour.html

A.-M. Pêche, Feux d'artifice à la tour Eiffel, 1937.

dimanche 19 octobre 2014

Franck Gehry au centre Pompidou

Après, Norman Foster et Bernard Tschumi, le centre Pompidou poursuit sa politique de rétrospectives consacrées à de grands architectes contemporains, toujours en lien avec l'inauguration de réalisations importantes à Paris, en l'occurrence la fondation Louis Vuitton par Franck Gehry. Né au Canada en 1929, mais formé à Harvard et ayant commencé sa carrière en Californie, Gehry a essentiellement construit des villas aux États-Unis pendant les années 1960 et 1970 avant de se tourner vers une architecture déconstructiviste, volontiers grandiose et sculpturale, mais décontextualisée et peu préoccupée d''écologie, ce qui l'a amené à travailler essentiellement pour des clients fortunés. L'exposition prend peu de distance avec l’œuvre de l'architecte, n'insistant peut-être pas assez sur le précédent qu'a constitué le Guggenheim de Bilbao et n'évoquant pas l'attribution du prix Pritzker à Gehry en 1989 mais évitant soigneusement, par ailleurs, de mentionner le bâtiment très controversé construit par Gehry pour l'American center de Paris (actuelle cinémathèque française). D'autre part, l'exposition passe trop rapidement sur le travail d'urbanisme de Gehry. Mais elle mérite quand même le détour, surtout pour les imposantes et souvent magnifiques maquettes grâce auxquelles les collaborateurs de Gehry tentent de donner forme aux esquisses très succinctes issues de ses premières inspirations.

mardi 7 octobre 2014

"Réémergences vietnamiennes"

Avant le début des grandes expositions annoncées pour l'automne ("Viollet-le-Duc" et "Revoir Paris"), on peut voir jusqu'au 27 octobre à la Cité de l'architecture une exposition consacrée à l'architecture du Vietnam. Cette exposition présente d'une part le portrait de sept des plus grandes villes du pays, de Hanoï à Hô-Chi-Minh-Ville, d'autre part une approche thématique et typologique de réalisations récentes. Malgré des textes d'accompagnement souvent abscons, l'ensemble permet de faire le tour d'un pays où le rapport à l'histoire architecturale semble décomplexé, les architectes locaux n'hésitant pas à construire en style néo-Napoléon III...

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25621-reemergences_vietnamiennes.html

A21 Studio architectes, I-Resort, Nha Trang.

samedi 4 octobre 2014

"Le Maroc médiéval"

En lien avec une exposition qui commencera le 17 octobre au Louvre, les Dossiers d'archéologie viennent de publier un numéro intitulé "Le Maroc médiéval. Un empire de l'Afrique à l'Espagne". Une partie importante de ce numéro est consacrée à l'architecture marocaine et andalouse : 

Dossiers d'Archéologie n° 365 - septembre/octobre 2014

dimanche 24 août 2014

Émotions patrimoniales

Diffusée il y a quelques mois sur France Culture dans le cadre de l'émission Les Lundis de l'histoire, une heure d'un débat conduit par Michelle Perrot entre Daniel Fabre et la spécialiste de l'ex-URSS Taline Ter Minassian sur les questions patrimoniales : 

http://www.franceculture.fr/emission-les-lundis-de-l-histoire-patrimoines-2014-02-10

vendredi 15 août 2014

"Livraisons d'histoire de l'architecture", #27

Le vingt-septième numéro des Livraisons d'histoire de l'architecture était consacré à des varias. On peut y lire un court et très circonstancié article de Diane Brocher sur le parterre de Diane de Poitiers au château de Chenonceau. Benjamin Chavardes s'intéresse à l'influence de Francesco Borromini sur Paolo Portoghesi. Tiphaine Gaumy s'essaye à un exercice de typologie concernant l'habitat des chapeliers parisiens d'Ancien régime. Philippe Grandvoinnet et Raphaël Labrunye reviennent sur la construction du palais de Justice à Strasbourg pendant l'occupation prussienne. Miriam Simon envisage dans un long article la dimension catholique de l’œuf de Paul Tournon. Nabila Stambouli retrace le destin d'aéro-habitat, monument du mouvement moderne en Algérie. Johanna Zanon, enfin, se penche sur le milieu de la mode pendant l'entre-deux-guerres en France.

samedi 9 août 2014

"Pais 1900, la ville spectacle"

L'exposition du musée du Petit Palais Paris 1900, la ville spectacle connaît un grand succès populaire, assez comparable à celui de l'exposition sur l'Art déco récemment proposée par la Cité de l'architecture. Elle présente des atouts comparables et souffre des mêmes défauts. On peut y voir des œuvres intéressantes et, pour quelques-unes d'entre elles, exceptionnelles, qu'il s'agisse de tableaux, d'affiches, de sculptures et, peut-être surtout, d'objets d'art et de mobilier. Tous les grands noms de l'époque sont présents. Mais les œuvres exposées se comptent au nombre de 600 et ne sont pas toutes des chefs-d’œuvre. Ce n'est pas tant le caractère anecdotique de certains objets qui dérange que l'absence de hiérarchisation et, surtout, l'absence du moindre questionnement à l'origine de l'exposition, absence de choix et de parti qui conduit à présenter les œuvres de manière parfois un peu banale. La logique du simple best of s'avère, en effet, frustrante : on aurait aimé savoir quelles étaient les rivales de Paris dans le domaine de la mode ou des arts décoratifs, ce qui distinguait la capitale française des autres grandes villes, mais l'exposition se déroule dans une célébration unilatérale de Paris, sans que l'on n'évoque vraiment ce qui se faisait au même moment à Londres, Vienne ou Barcelone...  Quant à l'architecture, elle est un peu citée en début de parcours, surtout pour des projets liés à l'exposition universelle de 1900, mais elle disparaît assez rapidement de l'exposition, ou ne s'y maintient que de manière subliminale... Ajoutons que le public qui fréquente l'exposition abuse des photos (des œuvres et des cartels...) et que la file d'attente des visiteurs, autorisés à pénétrer au compte-goutte, atteint au moins vingt minutes dès l'ouverture et jusqu'à une heure l'après-midi et on aura compris que l'on peut se passer de visiter cette exposition, même si elle présente des œuvres très intéressantes. 

http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/paris-1900-la-ville-spectacle-0

samedi 26 juillet 2014

"Aérolande" à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente, dans le cadre de l'exposition de ses "Nouvelles acquisitions", un ensemble de documents acquis en 2013. Ils concernent Aérolande. Il s'agit d'un collectif d'architectes ayant travaillé, à la fin des années 1960 et au début des années 1970 à la conception d'architectures légères, notamment pour des piscines transportables. Comme toujours dans le cas de ces "Nouvelles acquisitions", on reste un peu sur sa faim : les documents graphiques sont intéressants et les titres des textes publiés par le collectif sont prometteurs, mais on n'en saura pas beaucoup plus, en tous cas pour l'instant...  

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/nouvelles_acquisitions/25416-aerolande.html

Histoire et archéologie des jardins

L'émission d'été de France Culture "Des idées sous les platanes" a consacré une de ses premières éditions à l'histoire et à l'archéologie des jardins. Le débat est parfois un peu décousu, mais on glane cependant quelques informations intéressantes sur un thème rarement évoqué dans les médias : 

http://www.franceculture.fr/emission-des-idees-sous-les-platanes-anne-allimant-verdillon-marianne-morvillez-historiennes-des-jar

Verger Urbain V à Avignon

L'architecture religieuse du premier Moyen Âge

Récemment sorti, un numéro des Dossiers d'archéologie consacré aux premiers édifices chrétiens de France et de quelques pays voisins (notamment la Suisse) : 

http://www.dossiers-archeologie.com/numero-363/premiers-edifices-chretiens.3993.php

mardi 22 juillet 2014

"Criticat" n°13

Le numéro 13 de Criticat est récemment sorti. Le dossier principal de 35 pages est consacré aux rapports des architectes à l'informatique : il revient sur les attentes suscitées par le rôle croissant des ordinateurs dans la conception des projets, notamment depuis le milieu des années 1970. On peut par ailleurs lire, dans ce numéro, un article de Félix Mulle sur les architectes exerçant dans les zones rurales, nourri d'une expérience menée dans un petit village du Cantal. Un article d'Arianne Wilson revient sur trente ans d'architecture en terre depuis le début des années 1980. Un interview de Jean Dethier, qui a justement promu l'architecture en terre, permet de poser un regard critique sur la politique d'expositions d'architecture du Centre Pompidou. Quant à Jöel Onorato, c'est la dernière édition d'Archilab qu'il remet en cause en critiquant sa tentative de naturaliser l'architecture numérique. Etienne Martin livre pour sa part, en bande dessinée, une critique radicale de la Cité de la mode et du design de Jakob + MacFarlane. Criticat n'a donc jamais si bien porté son nom...

http://www.criticat.fr/site/sommaire13.html

dimanche 20 juillet 2014

"L'Architecture en uniforme" à la Cité de l'architecture

Il est rare qu'on sorte d'une exposition dont on attendait beaucoup en étant pleinement satisfait. Mais c'est le cas de celle que présente la Cité de l'architecture, jusqu'au 8 septembre, sous le titre L'Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale.  L'exposition est organisée en 17 sections qui ne font aucune impasse : après l'évocation rapide des conséquences de la Première Guerre mondiale, on découvre l'ampleur des destructions de Guernica à Hiroshima, la construction des fortifications de la ligne Maginot au mur de l'Atlantique, l'implication des architectes dans la propagande politique, leur rôle dans la préservation des monuments historiques et le camouflage des lieux stratégiques, on poursuit en abordant les progrès de la construction et notamment de la préfabrication pendant la guerre, sans oublier la création de nouveaux matériaux liée au recours obligatoire aux ersatz ou le maintien d'ateliers d'architecture dans les camps de prisonniers... Rien ne semble avoir échappé à la perspective du commissaire de l'exposition Jean-Louis Cohen. On perçoit par ailleurs bien certaines tendances à l’œuvre pendant le conflit : la simplification des constructions destinées aux militaires ou aux réfugiés, incarnée par les recherches de Prouvé ou de Buckminster Fuller ; le gigantisme qui se manifeste aussi bien dans le camp d'Auschwitz ou la base de V2 de Peenemünde que dans le complexe nucléaire d'Oak Ridge (Tennessee) ou au Pentagone. On croise par ailleurs, à travers l'exposition, presque toutes les figures majeures de l'architecture de la première moitié du vingtième siècle qui n'ont pu échapper, d'une manière ou d'une autre, aux conséquences du conflit. L'ensemble est très riche (il faut prévoir au moins trois bonnes heures pour en faire le tour). Mais l'exposition évite l'écueil de l'accumulation indigeste grâce à une sélection très pertinente des documents présentés (il s'agit pour une part de reproductions, notamment pour les tirages récents de clichés anciens, mais cela ne gêne en rien la visite). Elle est susceptible d'intéresser aussi bien les spécialistes d'histoire de l'architecture que les passionnés de la Deuxième Guerre mondiale et même, grâce à un bel effort de vulgarisation, n'importe quel amateur d'histoire. Soulignons par ailleurs que la scénographie est très efficace, ce qui n'est pas toujours le cas à la Cité de l'architecture : on circule parfaitement d'un côté à l'autre d'une galerie toute en longueur en tournant, au milieu, autour de tables, mais sans jamais avoir besoin de revenir sur ses pas. Cette manifestation coorganisée avec le Centre canadien d'architecture mérite donc incontestablement le détour. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25413-architecture_en_uniforme.html

samedi 19 juillet 2014

Les ministres et les arts

Le vingt-sixième numéro des Livraisons d'histoire de l'architecture a été publié à la fin de l'année 2013. Il est essentiellement consacré aux relations entre "les ministres et les arts", surtout aux dix-huitième et dix-neuvième siècles. On pourra par ailleurs lire dans ce numéro un article de Philippe Dufieux sur la sculpture du Palais de Chaillot. 

Henri Bouchard (1875-1960), Apollon Musagète,  Palais de Chaillot, 1937-1938

mercredi 25 juin 2014

Bernard Zehrfuss à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente, jusqu'au 13 octobre 2014, une exposition de l’œuvre de Bernard Zehrfuss (1911-1996) intitulée "La poétique de la structure". L'exposition n'est pas aussi ambitieuse que celle consacrée à Bernard Tschumi au Centre Pompidou : on a en fait affaire à une rétrospective des principales étapes de la vie professionnelle de l'architecte, de ses débuts dans l'Afrique du Nord en reconstruction à partir de 1943 au musée gallo-romain construit à Lyon dans les années 1980, en passant par le siège parisien de l'Unesco et l'aménagement de la Défense autour du projet du Cnit. On peut regretter l'absence d'un véritable parti, peut-être liée au fait que l'exposition est la première consacrée à l'architecte, en tous cas depuis longtemps. On peut aussi regretter le passage un peu rapide sur certains faits : l'obtention par Zehrfuss du Grand Prix de Rome en 1939, ses tentatives peu concluantes de s'illustrer dans le logement social avec l'immense barre du Haut-du-Lièvre de Nancy, le rôle de son agence sont par exemple peu évoqués. La concentration sur les seules œuvres construites ne laisse par ailleurs que peu de place à des approches transversales, ce qui est très dommage car les quelques films présentés dans le cadre de l'exposition laissent penser que Zehrfuss n'était pas dépourvu d'idées, sur le rôle social de l'architecte et sur la formation au sein des écoles d'architecture en particulier. Mais l'exposition, qui témoigne par ailleurs d'une solide érudition, mérite incontestablement le détour.    

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25535-bernard_zehrfuss_1911-1996.html

Cnit, 1952-1958, Zehrfuss architecte.

dimanche 22 juin 2014

"Proximité(s)" à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 29 juin dans le hall About une exposition intitulée Proximité(s). Organisée par l'Observatoire de la ville grâce au mécénat de Bouygues, cette manifestation d'architecture et d'urbanisme évoque de manière très suggestive les recherches menées dans le domaine des transports et des communications pour rendre les villes plus agréables à leurs habitants. Les questions qui fâchent sont soigneusement laissées de côté : résolument optimiste, l'exposition ignore les effets pervers de la gentrification des centre-villes, elle néglige la course à la tertiarisation de haut niveau entraînant la construction de millions de m² de bureaux qui restent bien souvent vides et elle ne se pose pas la question, pourtant cruciale dans le cas de la France, de la macrocéphalie urbaine. On aurait cependant tort de ne pas profiter de cette occasion de voir présenter, de manière originale, de nombreux projets européens très innovants. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25415-proximites.html

vendredi 30 mai 2014

Rétrospective Bernard Tschumi au Centre Pompidou

Le Centre Pompidou présente, jusqu'au 28 juillet 2014 une rétrospective de l’œuvre de l'architecte franco-suisse Bernard Tschumi. Né à Genève en 1944, fils de l'architecte suisse Jean Tschumi (1904-1962), Bernard Tschumi a suivi des études d'architecture à l'école polytechnique de Zurich, tout en travaillant en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis où il est devenu enseignant. A travers une présentation à la fois thématique et chronologique de son œuvre, on découvre que Tschumi a longtemps réfléchi sur l'architecture avant de construire et d'enseigner. Il a naturellement reçu l'influence de son père dont un magnifique dessin de 1932 est exposé en fin parcours, mais il aussi été marqué par Le Corbusier ainsi que par Candilis, Josic et Woods dans l'agence desquels il fait un stage. Il a aussi été marqué par les artistes qu'il a rencontrés à New Yok, parmi lesquels figurait notamment Cindy Sherman. Mais Tschumi affirme aussi avoir beaucoup appris des cinéastes : le Frankenstein de James Whale, les auteurs de la Nouvelle Vague et surtout l'Alexandre Nevski d'Eisenstein l'ont apparemment profondément marqué. En outre, il a utilisé, pour élaborer certains de ses concepts, les écrits de plusieurs figures de proue de la french theory : Foucault, Barthes et surtout Derrida dont il s'est évertué à appliquer à l'architecture le concept de "déconstruction". Mais l'exposition n'est bien sûr pas seulement une biographie intellectuelle de l'architecte, elle propose une vision d'ensemble de son œuvre, à travers des maquettes et de très nombreux dessins, de ses projets théoriques des années 1970 à la rénovation du zoo de Vincennes en passant par le parc de la Villette et ses folies. L'ensemble s'avère très intéressant, notamment si on prend le temps de visionner le film qui introduit l'exposition et qui permet de mieux comprendre les théories parfois sophistiquées de Tschumi.

http://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-89a7b47148deddfcc3d238eb55e47b6&param.idSource=FR_E-89a7b47148deddfcc3d238eb55e47b6

samedi 3 mai 2014

Patrimoine bulgare et Prix Aga Khan à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente en ce moment deux petites expositions. Jusqu'au 5 mai, on peut voir une série de panneaux évoquant un atelier de l'école de Chaillot qui s'est déroulé à Skortsité, en Bulgarie. Et jusqu'au 12 mai, on peut aussi voir une brève présentation des lauréats du prix Aga Khan pour l'architecture en contexte musulman ainsi qu'une courte rétrospective de l'histoire de ce prix trisannuel depuis 1977.

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25525-skortsite_un_atelier_sur_site_dans_les_balkans.html

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25414-5_projets_pour_un_monde_responsable_-_prix_aga_khan_darchitecture_2013.html

Marc Mimram architecte, Pont Rabat-Salé au Maroc

vendredi 25 avril 2014

Les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères de Versailles

La Fabrique de l'histoire a récemment diffusé une balade radiophonique en compagnie de l'historien du patrimoine Basile Baudez et de la conservatrice des bibliothèques de Versailles Sophie Danis. Le but de cette visite très évocatrice : les hôtels de la Guerre et des Affaires étrangères. Construits quelques décennies avant la Révolution à proximité du château de Versailles, ces édifices furent les tout premiers conçus spécifiquement, en France, pour abriter les bureaux de ministères. 

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-ministre-et-ministere-13-2014-01-13

jeudi 24 avril 2014

"Cathédrales, 1789-1914, un mythe moderne" au musée des Beaux-arts de Rouen

Le musée des Beaux-arts de Rouen présente, jusqu'au 31 août 2014, une exposition consacrée aux cathédrales pendant un long dix-neuvième siècle qui court de la Révolution à la Première Guerre mondiale incluse. Dans un premier temps, l'absence d'un parti clair déroute : on ne rappelle que succinctement au visiteur ce qu'est une cathédrale et ce qu'est le style gothique, et a aucun moment on ne lui explique pourquoi l'exposition semble se préoccuper des seules cathédrales gothiques, tout en s'autorisant parfois un détour par une église paroissiale ou une abbaye, pour peu qu'elle soit elle aussi gothique... Le texte introduisant l'exposition fait par ailleurs craindre une vision un peu datée de l'histoire de la réception du style gothique : assimilé à l'art germanique à partir de la Renaissance, il aurait été redécouvert au début du dix-neuvième siècle par les romantiques avant d'être ardemment revendiqué comme une gloire nationale, notamment en France et en Allemagne... La problématique demeure donc implicite et n'apparaît qu'au fil des salles : elle consiste à se demander comment la cathédrale, et essentiellement la cathédrale ou la grande église gothique, a pu devenir un mythe à travers les représentations picturales et littéraires et cela aussi bien en France qu'en Allemagne mais aussi en Grande-Bretagne. Ce n'est donc pas par son approche novatrice que cette exposition se distingue, ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'elle a manifestement pour but de vulgariser des connaissances auprès de nombreux visiteurs et pas de révolutionner l'histoire de l'art. Ce qui en fait le grand intérêt, même pour un public de connaisseurs, c'est la diversité et surtout la grande qualité des œuvres exposées. On pourra regretter que la période révolutionnaire ne soit que très brièvement évoquée, de même que les grandes campagnes de restauration du dix-neuvième siècle ; on pourra déplorer l'importance peut-être trop grande accordée à quelques édifices, les cathédrales de Paris, Rouen, Reims et Cologne se taillant la part du lion ; mais on ne peut que se réjouir de la liste impressionnante des artistes exposés et notamment des artistes britanniques ou germaniques : à côté des sculptures, dessins et tableaux de Viollet-le-Duc, Hugo, Pissaro, Sisley, Jongkind, Monet, Rodin, Redon, Gustave Moreau, figurent ainsi Turner, Ruskin, Constable, Goethe, Schinkel et Friedrich. L'ensemble représente une impressionnante collection d’œuvres qui finit par convaincre de la dimension "mythique" acquise par la cathédrale gothique au cours du dix-neuvième siècle. Après avoir succinctement mais pertinemment évoqué la Première Guerre mondiale, l'exposition se conclut sur une dernière salle dans laquelle on peut admirer des œuvres de l'entre-deux-guerres de Bruno Taut et de Lyonel Feininger. Ces dernières œuvres soulignent le rôle important pris, dans l'incontestable réussite que constitue cette exposition, par les prêts d'institutions allemandes. L'exposition est en fait binationale, coorganisée avec le musée Wallraf-Richartz de Cologne où elle sera présentée à partir de septembre 2014.
    



mardi 22 avril 2014

Le Paris de Martin Parr à la Maison européenne de la Photographie

La Maison européenne de la Photographie a commandé à Martin Parr une série sur Paris. Ces photographies et quelques autres plus anciennes sont exposées jusqu'au 25 mai 2014. On y voit des Parisiens et des touristes souvent occupés à utiliser ou consulter leurs téléphones portables, ce qui n'est pas propre à Paris. Mais on voit aussi un peu de ce qui fait le Paris moderne : les touristes tassés sur les tours de Notre-Dame encombrées de filets de sécurité pour éviter la chute des gargouilles, les Parisiens profitant nonchalamment de l'opération "Paris-Plage", des hôtels dans le quartier de la Goutte d'Or, etc.

lundi 21 avril 2014

"Moi, Auguste empereur de Rome..." au Grand Palais

Le premier véritable empereur de Rome, Auguste, est mort en 14, il y a 2000 ans. Alors qu'il s'appelait encore Octave, il a mis une partie du bassin méditerranéen à feu et à sang, d'abord pour venger César qui l'avait adopté, puis pour se débarrasser d'Antoine qui était devenu son rival. Devenu Auguste, il s'est attaché à établir l'empire, à restaurer la paix et la prospérité, tout en travaillant à sa propre légende, accréditant l'idée que son règne correspondait à un "âge d'or". C'est à cet âge d'or et à la diffusion de la propagande d'Auguste dans l'ensemble de la société romaine que le Grand Palais a choisi de consacrer, avec le musée du Louvre, une très vaste exposition jusqu'au 13 juillet 2014. On peut voir dans cette exposition quelques objets de la vie quotidienne en verre ou en terre cuite, mais on peut surtout admirer des œuvres rares issues des collections du Louvre et de quelques-uns des plus grands musées européens : des monnaies, des camées en pierres précieuses et surtout de magnifiques statues, notamment des bustes d'Auguste et de l'ensemble de l'entourage impérial. Si l'architecture n'est pas au cœur de l'exposition, elle n'en est pas complètement absente : une partie des plaques de terre cuite et des sculptures en marbre présentées ornaient certains des édifices voulus par Auguste, en particulier l'Ara Pacis, censé incarner la volonté d'Auguste de restaurer la paix. 

http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/moi-auguste-empereur-de-rome

mardi 15 avril 2014

Robert Adams au Jeu de Paume

Le Jeu de Paume présente, jusqu'au 18 mai, une rétrospective de l’œuvre de Robert Adams (né en 1937). Le photographe américain s'est beaucoup intéressé aux paysages, naturels et urbains, de l'Ouest américain. Plusieurs des séries de photos qu'il a publiées sous forme de livres sont présentées, au Jeu de Paume, les unes après les autres, ce qui peut s'avérer un peu monotone, l'artiste ayant peu varié dans ses centres d'intérêt et encore moins dans sa technique et n'ayant par ailleurs pas véritablement travaillé sur la série en tant que telle. De nombreuses photos sont cependant intéressantes dans la mesure où elles documentent, tout au long des années 1950 à 1980, une architecture et un urbanisme à la fois typiques des petites villes de l'Ouest américain et déjà en train d'être supplantés par des formes moins spécifiques. 

http://www.jeudepaume.org/index.php?page=article&idArt=2007&lieu=1

R. Adams, Colorado Springs,Colorado, 1968

samedi 5 avril 2014

"Archiscopie" de février, mars et avril 2014

Au sommaire des trois derniers numéros d'Archiscopie, un article de Marie-Jeanne Dumont sur la publication d'un Viollet-le-Duc par Françoise Bercé, alors qu'on s'apprête à inaugurer à l'automne 2014, à la Cité de l'architecture, une exposition commémorant le bicentenaire de la naissance de l'architecte (Archiscopie 128 de février 2014) ; un article sur l'architecte indien Raj Rewal (né en 1934) de Serge Santelli (Archiscopie 129 de mars 2014) et un article de Gabriel Ehret sur la reconversion du quartier de l'Industrie à Lyon (Archiscopie 130 d'avril 2014). 

Archiscopie, n° 128, février 2014 Archiscopie, n° 129, mars 2014 Archiscopie, n° 130, avril 2014

dimanche 9 mars 2014

Pierre-Antoine de Machy, le témoin méconnu au musée Lambinet de Versailles

Le musée Lambinet de Versailles présente jusqu'au 18 mai 2014 une exposition d'une cinquantaine d’œuvres du peintre Pierre-Antoine de Machy, né à Paris en 1723 et mort dans cette même ville en 1807, après y avoir passé quasiment toute sa vie. Elève de Servandoni, contemporain de Piranèse et d'Hubert Robert, académicien dès l'âge de 35 ans, exposant régulièrement au Salon, de Machy a peint de nombreuses ruines et des caprices architecturaux, mais il a surtout livré, pendant une cinquantaine d'années, des vues plus ou moins fidèles des principaux monuments de Paris : la colonnade du Louvre, la place Louis XV (place de la Concorde), la place Vendôme, le jardin des Tuileries, etc. Il a aussi peint et plus encore dessiné certains faits marquants de son époque : érections de statues, incendies, ainsi que quelques scènes révolutionnaires. Il a attaché beaucoup d'intérêt aux destructions de monuments pendant la période révolutionnaire aussi bien qu'à la fin de l'Ancien Régime. Sa carrière commencée sous Louis XV et achevée sous l'Empire ignore assez largement les événements politiques, mais parvient bien à rendre la vie du petit peuple de Paris, en particulier sur les quais de la Seine, notamment par les gouaches ou les dessins à la plume beaucoup plus vivants que les peintures à l'huile. 

http://fr.calameo.com/read/0012965777092af45d5bb

File:Un temple en ruine Demachy.jpg
P.-A. de Machy, Temple en ruines

vendredi 7 mars 2014

Histoire du patrimoine

L'émission de France Culture La Fabrique de l'histoire a récemment consacré une semaine à l'histoire du patrimoine. On a pu entendre successivement, dans le cadre de cette semaine, une émission sur le patrimoine urbain de Paris décrit par Olivier Mongin, une émission sur l'émergence de la notion de patrimoine industriel en France, une visite de l'école des Chartes en compagnie de son directeur Jean-Michel Leniaud et enfin un débat sur le vote de la loi sur les monuments historiques en 1913. 

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-patrimoine-14-2013-10-21

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-patrimoine-24-2013-10-22

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-patrimoine-34-2013-10-23

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-patrimoine-44-2013-10-24

jeudi 13 février 2014

André Le Nôtre

Récemment diffusée sur France Culture dans l'émission Une Vie, une œuvre, une évocation de la vie d'André Le Nôtre, à écouter pour accompagner l'exposition actuellement présentée au château de Versailles : 


File:Andre-Le-Nostre1.jpg
Carlo Maratta, André Le Nôtre, château de Versailles. 


dimanche 26 janvier 2014

Les églises des Trente glorieuses en Meurthe-et-Moselle

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 31 janvier 2014, dans la salle Viollet-le-Duc, une exposition de dix églises construites en Meurthe-et-Moselle pendant les Trente glorieuses. Il s'agit surtout d'édifices construits à Nancy ou dans la banlieue nancéienne, pour faire face au développement de certains quartiers, mais il est aussi question d'églises reconstruites dans le nord ou le sud-est du département à la suite des destructions de la Deuxième Guerre mondiale. Initialement présentée en 2012 dans la Villa Majorelle de Nancy, cette exposition insiste peut-être trop peu sur les spécificités du département : il aurait été utile d'indiquer le nombre d'habitants de la Meurthe-et-Moselle et des différentes villes évoquées, et de donner quelques explications sur la sociologie du département, notamment dans le domaine religieux. Même si elle en dit par ailleurs assez peu sur la manière dont les architectes étaient recrutés, cette petite exposition est cependant plutôt bien conçue et assez richement illustrée. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25270-eglises_en_quete_de_modernite_en_meurthe-et-moselle_1945-1975.html

Nicolas Kasis architecte, Saint-Rémy de Baccarat, 1957

samedi 18 janvier 2014

"Archiscopie" 127, janvier 2014

Le premier numéro d'Archiscopie de 2014 vient de sortir. Au sommaire notamment, un compte-rendu de Jean-Pierre Le Dantec au sujet de deux livres récemment parus sur les relations architecturales entre le Japon et l'Occident au début du vingtième siècle ainsi que deux articles sur des œuvres récentes de Lacaton et Vassal (le Frac Nord-Pas-de-Calais à Dunkerque et la salle polyvalente Grand Sud à Lille). A noter aussi la parution récente du vingt-huitième supplément semestriel "Livres" d'Archiscopie qui recense les publications en français de la deuxième partie de l'année 2013. 

Archiscopie, n° 127, janvier 2014

samedi 4 janvier 2014

La "dorsale Est"

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 13 janvier 2014 une exposition intitulée "La dorsale est : Faire la ville dans la métropole parisienne". On peut y voir une très grande maquette (90 m²) de la région comprise entre Aulnay-sous-Bois et Marne-la-Vallée, à cheval sur la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne. Cette maquette est peu parlante pour les visiteurs qui ne connaissent pas cette zone, mais elle est accompagnée de quelques panneaux récapitulant les principales données démographiques et économiques nécessaires à la compréhension des problèmes posées par la "dorsale". Deux films d'une demie-heure chacun expliquent par ailleurs le point de vue sur le sujet de certains habitants de ce secteur et celui de professionnels, étudiants en architecture et en urbanisme de l'école d'architecture de Marne-la-Vallée. De nombreuses photos montrent, enfin, à quel point la nature est omniprésente, même au cœur des nombreux quartiers très bétonnés de Clichy-sous-Bois par exemple. 

Le concept de "dorsale Est" élaborée par Yves Lion ne convainc pas vraiment : malgré l'enthousiasme communicatif des différents protagonistes, rien ne prouve que les communes concernées parviendront un jour à prendre une certaine autonomie par rapport à Paris et à fonctionner en symbiose pour surmonter leurs très gros problèmes socio-économiques. Mais on ne peut que saluer cette tentative de réfléchir sur une des banlieues les plus difficiles d'Île-de-France et le souhait de la Cité de l'architecture d'en présenter le résultat de manière très pédagogique. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25271-la_dorsale_est_faire_ville_dans_la_metropole_parisienne.html

Clichy-sous-Bois et Montfermeil