La grande exposition patrimoniale d'hiver de la Cité de l'architecture a commencé le 16 octobre 2013 et s'achèvera le 17 février 2014. Elle est consacrée à l'Art déco. Pourquoi l'Art déco ? On n'en saura rien, puisque l'exposition commence par une comparaison entre Art nouveau et Art déco, sans qu'on nous explique ni au début ni à aucun moment de l'exposition ce qui a conduit la Cité de l'architecture à se pencher sur cette période... Les intentions ne sont pas plus explicites à la fin de l'exposition, qui se termine sans bilan, aussi brutalement qu'elle avait commencé. Il faut donc accepter, en entrant dans l'exposition une apparente neutralité de point de vue qui fait de l'Art déco une belle page arrachée à l'histoire de l'art français, sans grand rapport d'ailleurs avec ce qui s'est passé avant ou avec ce qui a suivi, ni d'ailleurs, avec ce qui se passait ailleurs à la même époque.
La Première Guerre mondiale n'est évoquée que très rapidement, le contexte socio-politique de l'entre-deux guerres n'est que vaguement esquissé et les impasses esthétiques auxquelles l'Art déco a pu aboutir ne sont pas mentionnées (ce qui aurait pourtant été très facile à faire, l'exposition se déroulant dans le Palais de Chaillot...). L'Art déco dans les colonies est bien mis en valeur : on se rend compte, dans la dernière partie de l'exposition, des opportunités que fournissaient aux architectes le Maroc ou l'Indochine par exemple. Mais l'étranger n'est par ailleurs mentionné que dans la mesure où les artistes français s'y sont illustrés, ce qui réduit pratiquement le champ d'investigation aux Amériques, au Japon et aux Balkans... Quant au reste de l'Europe et à tous les courants contemporains et souvent rivaux de l'Art déco, ils sont à peine cités : Le Corbusier n'apparaît qu'une fois, sous le nom de Jeanneret. L'importance accordée à l'exposition de 1925 et à son retentissement apparaît démesurée puisqu'un bon tiers des salles lui est consacré. Ces salles sont censées illustrer le fait, posé dès le début comme une originalité, que les artistes Art déco travaillaient en équipe à une sorte de synthèse des arts, sous la houlette des architectes... Mais cela ne convainc pas vraiment car le travail équipe n'est bien sûr pas propre à l'Art déco (qu'on pense à l'Art nouveau nancéien ou au Bauhaus entre autres exemples proches de l'Art déco).
Malgré tous ces problèmes, l'exposition n'est pas sans intérêt, car elle présente des œuvres rares. Mais elle parvient imparfaitement à les confronter. C'est probablement dû à l'espace assez ingrat que constitue l'enfilade de salles des sous-sols de la Cité de l'architecture. Mais c'est aussi lié à une scénographie redondante reconstituant inutilement des stands Art déco en carton-pâte, comme on avait déjà pu voir l'année dernière de fausses façades du dix-huitième siècle pour l'exposition sur les hôtels particuliers : tant qu'à privilégier des scénographies "ludiques", on préférerait celles si bien mises en œuvre dans l'autre aile du Palais de Chaillot, au musée de la Marine, où de récentes expositions sur les paquebots ou sur les phares sont apparues bien plus réussies. Par ailleurs, les textes introduisant chaque salle sont un peu banals et les cartels sont illisibles : les cartels des bustes d'architectes de la première salle, incompréhensiblement situés à 60 ou 70 cm du sol sont rédigés en police de taille 12 (11 pour les anglophones)... L'ensemble des cartels de l'exposition n'est pas placé au plus près des œuvres mais regroupé sur de petits panneaux qui provoquent immanquablement l'agglutinement des visiteurs, et ces cartels sont d'autant plus illisibles que l'exposition connaît apparemment un grand succès, les salles étant bondées le week-end... A défaut de satisfaire complètement l'amateur éclairé, l'exposition semble, en effet, ravir le grand public.
La Première Guerre mondiale n'est évoquée que très rapidement, le contexte socio-politique de l'entre-deux guerres n'est que vaguement esquissé et les impasses esthétiques auxquelles l'Art déco a pu aboutir ne sont pas mentionnées (ce qui aurait pourtant été très facile à faire, l'exposition se déroulant dans le Palais de Chaillot...). L'Art déco dans les colonies est bien mis en valeur : on se rend compte, dans la dernière partie de l'exposition, des opportunités que fournissaient aux architectes le Maroc ou l'Indochine par exemple. Mais l'étranger n'est par ailleurs mentionné que dans la mesure où les artistes français s'y sont illustrés, ce qui réduit pratiquement le champ d'investigation aux Amériques, au Japon et aux Balkans... Quant au reste de l'Europe et à tous les courants contemporains et souvent rivaux de l'Art déco, ils sont à peine cités : Le Corbusier n'apparaît qu'une fois, sous le nom de Jeanneret. L'importance accordée à l'exposition de 1925 et à son retentissement apparaît démesurée puisqu'un bon tiers des salles lui est consacré. Ces salles sont censées illustrer le fait, posé dès le début comme une originalité, que les artistes Art déco travaillaient en équipe à une sorte de synthèse des arts, sous la houlette des architectes... Mais cela ne convainc pas vraiment car le travail équipe n'est bien sûr pas propre à l'Art déco (qu'on pense à l'Art nouveau nancéien ou au Bauhaus entre autres exemples proches de l'Art déco).
Malgré tous ces problèmes, l'exposition n'est pas sans intérêt, car elle présente des œuvres rares. Mais elle parvient imparfaitement à les confronter. C'est probablement dû à l'espace assez ingrat que constitue l'enfilade de salles des sous-sols de la Cité de l'architecture. Mais c'est aussi lié à une scénographie redondante reconstituant inutilement des stands Art déco en carton-pâte, comme on avait déjà pu voir l'année dernière de fausses façades du dix-huitième siècle pour l'exposition sur les hôtels particuliers : tant qu'à privilégier des scénographies "ludiques", on préférerait celles si bien mises en œuvre dans l'autre aile du Palais de Chaillot, au musée de la Marine, où de récentes expositions sur les paquebots ou sur les phares sont apparues bien plus réussies. Par ailleurs, les textes introduisant chaque salle sont un peu banals et les cartels sont illisibles : les cartels des bustes d'architectes de la première salle, incompréhensiblement situés à 60 ou 70 cm du sol sont rédigés en police de taille 12 (11 pour les anglophones)... L'ensemble des cartels de l'exposition n'est pas placé au plus près des œuvres mais regroupé sur de petits panneaux qui provoquent immanquablement l'agglutinement des visiteurs, et ces cartels sont d'autant plus illisibles que l'exposition connaît apparemment un grand succès, les salles étant bondées le week-end... A défaut de satisfaire complètement l'amateur éclairé, l'exposition semble, en effet, ravir le grand public.
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