samedi 19 janvier 2013

La révolution gothique

Récemment diffusée sur France Culture, dans le cadre des Lundis de l'histoire, une émission un peu confuse mais intéressante sur la "révolution gothique" en architecture. En compagnie de Mathieu Lours (professeur à l'université de Cergy-Pontoise), Jacques Le Goff interroge Alain Erlande-Brandenbourg sur son dernier livre consacré à l'émergence de l'art gothique.


A écouter aussi, une émission récente de La Fabrique de l'histoire avec un débat entre Alain Erlande-Brandenbourg et Etienne Hamon :

http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-repenser-la-societe-des-trois-ordres-34-2013-01-02

Archiscopie n°118

Le numéro de janvier 2013 d’Archiscopie met en une le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, inauguré à Nantes au début de l’année 2012. Parmi les autres articles de ce numéro, on peut aussi signaler celui de Marie-Jeanne Dumont qui s’interroge avec beaucoup d’ironie sur la prolifération incontrôlable des études corbuséennes à l’approche des cinquante ans de la mort du grand homme : après un tour d’horizon des nombreuses expositions en cours et à venir, elle pose la question du rapport de Le Corbusier au patrimoine, rapport qu’elle a elle-même contribué à éclairer en publiant, aux éditions du Linteau, les lettres de l’architecte à ses maîtres successifs. 

Archiscopie, n° 118, janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

L'architecture des phares

Le numéro 24 des Livraisons de l’histoire de l’architecture et des arts qui s’y rattachent vient de paraître. Ce numéro thématique est entièrement consacré aux phares, mais il ne prétend pas, en deux cent pages, épuiser complètement le sujet. On commence certes avec un très long article de plus de cinquante pages d’Olivier Liardet et Christopher Drew qui survole plus de deux cents ans de concours de l’académie d’architecture concernant les phares. Mais, les autres articles se focalisent sur des sujets plus restreints : Marcelo Puppi s’intéresse à Léonce Reynaud (1803-1880) qui apparaît comme le grand concepteur de phares du deuxième tiers du dix-neuvième siècle ; Vincent Guigueno se penche sur les phares métalliques, justement développés par Reynaud ; Fabienne Doulat livre une monographie très précise du phare de Saint-Jean-de Luz par André Pavlovsky dont elle replace l’œuvre dans le courant néo-basque de l’entre-deux-guerres ; quant à Olivier Liardet et Anne Lefèbvre, ils évoquent le phare de la Canche au Touquet, dû à Louis Quételart. On peut signaler par ailleurs deux articles qui évoquent les phares construits dans l’ouest entre les deux guerres et reconstruits après 1945, deux articles qui se distinguent par une grande subtilité dans l’analyse de l’héritage régionaliste et des audaces modernistes : celui d’Alain Delaval portant sur les phares de Vendée et celui d’Hervé Raulet sur les phares de la région de Saint-Malo. L’ensemble de ce numéro complète très utilement l’exposition récemment présentée au musée de la Marine sur le thème des phares. Signalons en outre que le prochain numéro des Livraisons sera consacré à l’architecture médiévale, étudiée d’après ses « types, matières et formes ».

dimanche 6 janvier 2013

Jean-Jules Eggericx (1884-1963) exposé à Bruxelles

Eggericx, Avant-projet pour le bâtiment principal de la cité "Floréal", Bruxelles, 1925

Les Archives d'architecture moderne de Bruxelles présentent jusqu'au 7 avril 2013 une exposition rétrospective de la carrière relativement brève mais très dense de l'architecte belge Jean-Jules Eggericx dont on ne connaît le plus souvent, en France, que quelques projets de villas modernes exposés à Paris en 1925. Né à Bruxelles en 1884, Eggericx a connu une scolarité un peu chaotique et, s'il a fréquenté l'atelier de Victor Horta, il a peu travaillé avant la Première Guerre mondiale. Réformé, il passe tout le conflit comme ingénieur dans une usine anglaise. De ce long séjour en terre britannique, Eggericx rapporte en Belgique une réputation de "gentleman" et de nombreuses idées qu'il va appliquer à Bruxelles en y construisant les premières cités-jardins dans la lignée de Letchworth et des écrits d'Ebenezer Howard. Pendant les années 1920 et 1930, Eggericx travaille beaucoup : il construit à Bruxelles et dans toute la Belgique, des maisons et des villas, dessinant aussi le mobilier, les serrureries, etc. On lui doit en outre une colonie de vacances pour orphelins sur la côte. A la fin des années 1930, il conçoit un quartier de gratte-ciels pour une avenue conduisant au nouvel aéroport de Bruxelles : ce projet ne sera pas complètement réalisé, mais Eggericx est bien l'auteur d'un des premiers immeubles de grande hauteur de Belgique. En tant qu'urbaniste, il travaille aux projets d'extension de Bruxelles et d'Anvers et remodèle Ostende en partie détruite pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pendant les années 1920 et 1930, Eggericx participe par ailleurs à de nombreuses expositions internationales, à Paris en 1925 et 1937 notamment, mais aussi en Belgique. Pendant une vingtaine d'années, il enseigne à la demande d'Henry van de Velde l'architecture à l'école des arts décoratifs de La Cambre près de Bruxelles. Toute sa carrière prouve qu'il était possible, en Belgique en tous cas, d'accompagner la modernisation de l'architecture sans déclarations d'intention fracassantes et sans renier toute la tradition. Les très nombreux projets sont sobrement mais très efficacement exposés et méritent à coup sûr un détour par les Archives d'architecture moderne. 


Criticat 10


Le dixième numéro de la revue Criticat est sorti récemment. Il présente un copieux dossier sur les femmes architectes. Un article de Stéphanie Mesnage se penche d'un point de vue sociologique sur l'évolution de la place des femmes parmi les architectes français. Deux textes sont consacrés à des personnalités marquantes : l'urbaniste Paola Vigano qui travaille sur des projets et enseigne dans de nombreux pays, et l'architecte sud-africaine Carin Smuts qui s'est spécialisée dans les projets participatifs destinés à résorber les problèmes de logement dans son pays. Parmi les textes plus historiques, on peut citer la reproduction d'un article de l'architecte Denise Scott Brown (née en 1931) expliquant dès 1975 qu'il n'était pas facile d'être considérée uniquement comme la femme du théoricien du post-modernisme Robert Venturi. On peut aussi mentionner une évocation par Marie-Jeanne Dumont de Paulette Bernège qui essaya, en s'intéressant à l'architecture, de libérer les Françaises de l'entre-deux-guerres de certaines contraintes. On peut enfin citer quelques portraits rapidement esquissés d'architectes femmes comme Lilly Reich (1885-1947) qui ne fut pas que la compagne de Mies van der Rohe. Ce numéro de Criticat contient par ailleurs trois textes consacrés à la vie très difficile à supporter dans les immeubles modernes de Dubaï, au rôle d'une petite rivière dans l'aménagement de la banlieue de Genève et à l'enseignement de l'architecture à Valparaiso, au Chili.