dimanche 28 octobre 2012

Labrouste à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 7 janvier 2013 une exposition consacrée à Henri Labrouste (1801-1875) et sous-titrée "La structure mise en lumière". Cette manifestation conçue avec le MoMA de New York rassemble un grand nombre de maquettes, de photos et de projets de Labrouste. On commence par son séjour à Rome, on poursuit par ses grands projets emblématiques (la bibliothèque Sainte-Geneviève et la bibliothèque nationale) et on finit avec l'héritage de Labrouste, en France et aux États-Unis notamment. Le parti est globalement chronologique mais ménage des moments thématiques sur l'architecture en fer, le rationalisme, etc. L'ensemble n'a rien de révolutionnaire et ne restera probablement pas dans les annales de l'histoire de l'architecture, mais l'exposition est correctement construite et le contenu des textes et des cartels est très pertinent. On peut regretter la scénographie de Manuelle Gautrand toute en cubes saillants dans lesquels on peut facilement se cogner (un comble pour une exposition en hommage à un précurseur du plan libre !), mais la Cité de l'architecture semble par ailleurs, avec cette monographie de Labrouste, renouer avec des expositions patrimoniales solides après une année d'errance en 2011-2012 (de "L'Hôtel particulier" à "Circuler").

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/24741-labrouste_1801-1875_architecte_la_structure_mise_en_lumiere.html

Labrouste, salle de lecture de la Bibliothèque nationale (1860-1867)

samedi 20 octobre 2012

Des expositions Jean Prouvé dans les musées de Nancy

L'ensemble des musées de Nancy présente en ce moment des expositions sur Jean Prouvé (1901-1984), né à Paris mais mort à Nancy où il a passé la plus grande partie de sa vie.  

Le musée des Beaux-arts de la place Stanislas montre son projet de maison tropicale préfabriquée dont l'un des rares exemplaires a été pour l'occasion remonté dans les jardins du musée. L'institution inaugure par ailleurs, à l'occasion de cette exposition, une salle qui sera définitivement consacrée à Jean Prouvé. On y voit les œuvres de Prouvé à travers un siècle qu'il a presque entièrement traversé, de l'Art nouveau finissant au jury du concours pour le centre Pompidou, en passant par ses ferronneries Art déco, son usine de maisons préfabriquées en aluminium et ses cours au Conservatoire national des Arts et métiers.

Le musée de l'Ecole de Nancy présente une exposition modeste mais très intéressante sur le travail de Prouvé comme ferronnier pendant les années 1920, d'abord dans le sillage de l'Art nouveau puis dans un style Art déco qui lui a permis d'être engagé par Mallet-Stevens et de fréquenter les architectes d'avant-garde.

Quant au musée lorrain, il expose des objets conçus par Prouvé pendant la Deuxième Guerre mondiale (du poêle à charbon au cadre de vélo...) ainsi que des projets liés à la reconstruction en France et en Sarre. On découvre surtout, dans ce musée, l'action de Prouvé comme maire de Nancy puisque il a été nommé pour quelques mois à cette fonction à l'issue de la guerre, en raison de sa participation à la Résistance.  

Le programme de ces expositions est très copieux, mais n'évite pas tous les pièges d'une manifestation éclatée sur plusieurs sites répartis à travers toute l'agglomération nancéienne (les "galeries Poirel" et le musée du fer de Jarville, en banlieue nancéienne, présentent eux aussi des expositions Prouvé...). En l'absence d'un véritable "parcours", les visiteurs peuvent commencer par le musée de leur choix, ce qui oblige chaque institution à présenter une biographie plus ou moins complète de Prouvé. De telles redondances ne sont pas vraiment gênantes, mais on peut regretter, par ailleurs, l'absence d'un parti clairement affirmé : pourquoi une exposition sur Prouvé en 2012 ? Est-ce une exposition sur les rapports de Prouvé avec la Lorraine (cela semble être le cas mais ce n'est jamais dit) ? Ou est-ce une tentative d'exposition exhaustive (auquel cas c'est peu probant) ? Autant de questions auxquelles le catalogue apporte probablement des éléments de réponse.

Il est sûr qu'à vouloir laisser chaque musée nancéien exposer les objets concernant Prouvé contenus dans ses propres collections, on allait incontestablement perdre en unité. En concentrant tout sur un seul site, on aurait peut-être obtenu une exposition aussi réussie que celle sur Jacques Gruber, présentée l'année dernière par les Galeries Poirel. Malgré ce caractère un peu foisonnant, il est très utile de visiter ces expositions pour replacer dans son temps le travail de Prouvé, mesurer ses erreurs (l'architecture en aluminium demeure peu convaincante et n'a d'ailleurs jamais vraiment fonctionné) et ses succès (les meubles conçus par Prouvé paraissent aussi intéressants que ceux de Le Corbusier ou de Charlotte Perriand avec lesquels il a d'ailleurs collaboré). On peut aussi voir à travers les différentes expositions concernant Jean Prouvé une véritable dynastie d'artistes à l'œuvre : son grand-père Gengoult Prouvé qui travaillait déjà pour Emile Gallé, son père Victor (1858-1943) qui prit la tête de l'Ecole de Nancy à la mort de Gallé en 1904, son frère Henri (né en 1915) et son fils Claude (né en 1929), tous deux architectes et tous deux décédés en 2012.

On ne peut donc que recommander un séjour à Nancy aux amateurs de Prouvé, à condition d'avoir, avant la fin de la semaine prochaine, au moins deux jours devant soi : il vaut, en effet, mieux éviter de voir toutes les expositions le même jour sous peine de saturation...

http://www.jeanprouvenancy2012.com/

dimanche 14 octobre 2012

Chantal Stoman à la Cité de l'architecture

La Cité de l'architecture présente jusqu'au 9 décembre 2012 une vingtaine de photos de Chantal Stoman. Réunies sous le titre Lost Highway (emprunté à David Lynch), ces photos nous montrent cinq mégapoles de nuit, vues depuis les grandes voies qui les traversent : Tokyo, Hong Kong, Bombay, Sao Paulo et Le Caire. Il est dommage que ces photos en noir et blanc, imprimées en grand format et au tirage très recherché soient exposées dans un couloir des sous-sols de la Cité. Il est aussi dommage que le spectateur qui souhaite regarder le film de 25 minutes accompagnant l'exposition doive le faire debout, en l'absence de fauteuil mis à sa disposition... 

Paul Chemetov à la Cité de l'architecture

Après une saison 2011-2012 marquée par deux grandes expositions plutôt décevantes ("L'hôtel particulier" et "Circuler"), la Cité de l'architecture semble repartir sur de bonnes bases, avec une programmation plus riche. On peut voir en ce moment et jusqu'au 12 novembre 2012 une exposition sur les maisons construites et aménagées par Paul Chemetov entre 1962 et 2012.

Cette exposition modeste et bien conçue est accessible gratuitement.

http://www.citechaillot.fr/data/expositions_bc521/fiche/23459/dpchacunsamaison5-_v2def_702b5.pdf

Paul Chemetov, maison Labeaume (Ardèche), 1964-2005

dimanche 30 septembre 2012

"Archiscopie" d'octobre 2012

Archiscopie n° 115, octobre 2012



Le magazine de la Cité de l'architecture d'octobre 2012 vient de sortir. Parmi les articles intéressants, on peut citer un tour d'horizon de l'architecture islandaise ainsi que deux textes sur l'actualité de Jean Prouvé à Nancy et à Tourcoing.

dimanche 26 août 2012

"La Tendenza" au Centre Pompidou




Le Centre Pompidou présente, jusqu'au 10 septembre prochain, une exposition intitulée La Tendenza. Architectures italiennes 1965-1985. Il y est question d'architectes, nés entre 1900 et 1930, qui ont profondément rénové l'architecture italienne entre la reconstruction de l'après-guerre et le début des années 1980. Au début de cette période, ces architectes cherchent à concilier de manière intelligente l'héritage de l'histoire et un modernisme bien tempéré. A quelques exceptions près, comme la très imposante tour Velasca de Milan, les architectes de la Tendenza conçoivent des projets et ils écrivent beaucoup, mais ils construisent peu. La consécration intervient pendant les années 1970 et 1980 au cours desquelles les œuvres d'Aldo Rossi, construites autant qu'écrites connaissent un grand retentissement et pas seulement en Italie. Ce succès s'accompagne cependant d'un appauvrissement considérable des premières ambitions du mouvement : la subtile recherche d'un équilibre entre les besoins présents et la préservation du patrimoine finit par de grossiers empilements de formes géométriques, pas si loin des parodies post-modernes de Las Vegas. Cette histoire qui avait bien commencé finit donc assez mal... A l'image d'un mouvement ambigu dans son rapport à l'histoire, l'exposition ne convainc pas complètement : les nombreux dessins et maquettes sont très bien présentés mais trop peu remis en contexte , on ignore tout de la structuration de la Tendenza et de la formation des architectes ayant participé à ce mouvement, de leur rapport à l'héritage si ambigu de l'architecture de la période fasciste ; les textes n'évoquent par ailleurs ni l'économie de l'Italie des Trente glorieuses, ni les courants architecturaux alors dominants dans le pays... Autant d'informations qu'il faudra chercher dans le catalogue de l'exposition. La Tendenza mérite cependant incontestablement le détour ne serait-ce que par la qualité de certaines des œuvres qui y sont exposées. 


http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/DCA9354D46FCB800C125795F004B4956?OpenDocument&L=1


vendredi 24 août 2012

L'Arc de Triomphe et les techniques de restauration des moulages à la Cité de l'architecture

                                                                            
Moulage de "La Marseillaise" de l'Arc de Triomphe (1896, d'après François Rude, 1835). 















Contrairement à ce que laisse penser le site Internet de la Cité de l'architecture, la grande exposition sur l'Arc de Triomphe n'est pas encore visible. On ne peut voir, pour le moment, qu'une maquette de l'Arc dans la galerie des moulages, ce qui ne vaut pas, en soi, le détour. Il n'est cependant pas inutile d'aller faire un tour à la Cité, car dans la salle Viollet-le-Duc qui se trouve au fond de cette même galerie des moulages, une exposition intitulée "Attention restaurations" aborde un thème austère mais très intéressant : la restauration des moulages et vitraux  du musée des Monuments français ainsi que des maquettes et autres objets des fonds modernes acquis après 2000. Cette petite exposition pédagogique vaut notamment pour les maquettes en plâtre du fonds de l'architecte Maurice Maignan (1872-1946) : dans un style mêlant quelques audaces modernes à la grandiloquence de la grande époque des concours de l'école des Beaux-arts, Maignan a élaboré, entre 1900 et 1930, différents palais et notamment un étonnant Palais du Progrès dont la version de 1927, qui devait atteindre 150 m de haut, apparaît, sur la maquette, cernée de dinosaures...