vendredi 27 janvier 2017

"Le Grand Paris" d'Aurélien Bellanger

Aurélien Bellanger a publié La Théorie de l'information (2012) et L'Aménagement du territoire (2014), deux romans évoquant largement l'architecture, l'urbanisme et, comme l'indique le titre du second de ces deux romans, l'aménagement du territoire. Son troisième roman, paru au début de l'année 2017 est intitulé Le Grand Paris. A. Bellanger semble y répondre au dernier roman de Michel Houellbecq, Soumission (2015), notamment pour ce qui concerne la place politique et sociale de la religion musulmane en France. Comme Houellebecq, Bellanger évoque les travers de la communication politique moderne et les stratégies dites de "triangulation" adoptées par certains partis. Mais le roman de Bellanger vaut aussi beaucoup pour la place accordée par l'auteur à des réflexions sur l'architecture et l'urbanisme (ce qui le rapprocherait plus d'un autre roman de Houellebecq, La Carte et le territoire). 
Le protagoniste principal du roman de Bellanger appartient à une famille d'ingénieurs associés depuis plus d'un siècle à l'aménagement de l'agglomération de Paris. Il décide au début des années 2000 de devenir urbaniste et, après un voyage initiatique dans le désert algérien, il s'implique en politique aux côtés du Prince (i. e. N. Sarkozy), président de droite qu'il convainc de lancer le "Grand Paris". 
Comme il l'avait déjà fait dans ses deux premiers romans, Bellanger recourt abondamment aux théoriciens des sciences sociales des années 1960-1970, cette fois-ci pour interpréter les rapports de domination entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, rapports qui s'inversent lentement sous les yeux du narrateur dans ce qui constitue la partie centrale du livre. Mais, si Bourdieu et Foucault sont plusieurs fois cités, c'est toujours en passant : c'est bien à un roman qu'on a affaire et non à un essai. 
Dans la dernière partie du livre, le "Grand Paris" est enfin lancé par "le Prince" après avoir été présenté à la Cité de l'architecture...      

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mercredi 11 janvier 2017

Albert Besnard au Petit Palais

Jusqu'au 29 janvier, on peut voir au Petit Palais une exposition retraçant la carrière d'Albert Besnard (1849-1934), Grand prix de Rome 1874, académicien, directeur de l'académie de France à Rome puis de l'école des Beaux-arts. Sous-titrée "Modernités de la Belle Epoque", l'exposition est équitablement consacrée à trois dimensions de l’œuvre de Besnard : on y découvre ainsi un portraitiste virtuose, un aquafortiste morbide mais aussi un décorateur ayant beaucoup travaillé pour la ville de Paris, à la décoration des hôtels de ville notamment. 

http://www.petitpalais.paris.fr/expositions/albert-besnard 

A. Besnard, La Vérité entraînant les Sciences à sa suite répand sa lumière sur les hommes, Paris, hôtel de ville, 1890.

jeudi 29 décembre 2016

Spectaculaire Second empire



Le musée d'Orsay présente jusqu'au 15 janvier une grande exposition consacrée au Second empire, époque décriée à cause du coup d'Etat à l'origine du régime de Napoléon III. L'exposition couvre le champ des beaux-arts, celui des arts décoratifs et celui de l'architecture. Elle entend notamment rendre compte des goûts de l'empereur, de sa femme et de leur entourage, ce qui la conduit à évoquer le néogothique de Viollet-le-Duc et le classicisme de Garnier, la redécouverte de l'art pompéien et la fascination de l'impératrice pour Marie-Antoinette ainsi que l'architecture métallique du Palais de l'industrie et tout cela sans négliger les débuts des Impressionnistes. L'exposition n'est bien sûr pas sans intérêt mais, dans sa volonté de présenter un panorama intégral de l'art et de l'architecture du règne de Napoléon III, elle risque de désorienter le visiteur. La logique d'exhaustivité justifie en effet, a posteriori, l'éclectisme de l'époque mais, elle complique l'établissement de continuités avec les périodes précédant ou suivant le Second empire aussi bien que les comparaisons avec l'évolution des arts dans les pays voisins de la France.

http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-generale/article/spectaculaire-second-empire-44074.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=649&cHash=dda67fe98b

samedi 10 décembre 2016

Pompéi vu par les architectes français à l'école des Beaux-arts

Jusqu'au 13 janvier, on peut voir à l'école des Beaux-arts de Paris une petite exposition concernant Pompéi vu par les artistes français au dix-neuvième siècle. On peut y découvrir des projets de décoration et des dessins réalisés a posteriori par les lauréats du prix de Rome, à leur retour en France. On peut y voir aussi les relevés de peintures antiques parfois disparues ou irrémédiablement endommagées de nos jours. On peut, enfin, y admirer certains projets de restauration de grands édifices ou d'ensembles urbains pompéiens tels que le forum, projets conçus par les architectes dans le cadre de leur séjour romain. L'impact de la découverte de l'architecture et de la peinture pompéiennes sur les artistes français du dix-neuvième siècle est visible in situ dans les bâtiments de l'école, en grande partie dus à Félix Duban (1797-1870), Grand prix de Rome en 1823 et partisan d'une polychromie inspirée de l'antique. 

http://www.beauxartsparis.com/images/telechargements/pdf/presse/Pompei/CP-Pompei.pdf 

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François-Wilbrod Chabrol (1835-1919), Projet de restauration du temple d'Apollon, 1867.

lundi 28 novembre 2016

Thomas Jorion à la galerie Esther Woerdehoff

On pouvait voir, jusqu'au 26 décembre 2016, à la galerie Esther Woerdehoff de Paris, une exposition de photographies de Thomas Jorion, intitulée Vestiges d'empire. Ces photos montrent de manière frontale l'intérieur de bâtiments construits à l'époque des colonies françaises. On découvre ainsi des cathédrales néogothiques, des villas Art déco, des cinémas modernes, le plus souvent en ruines, au Sénégal, à Madagascar, mais aussi en Indochine et en Inde. 

http://www.ewgalerie.com/ 

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Eglise du Sacré-Cœur, Vietnam, 1934. 

lundi 21 novembre 2016

"Réver(cités)"

Jusqu'au 4 décembre, on peut voir à la Cité de l'architecture, une exposition intitulée "Réver(cités)". Consacrée aux "villes recyclables et résilientes", cette exposition évoque la reconversion de sites industriels en quartiers résidentiels. Elle se penche aussi sur les nombreux projets de constructions évolutives, qu'il s'agisse de bâtiments ou de villes entières. Il y est beaucoup question de démarches participatives, d'écoconstruction, de recyclage et même de résilience. L'exposition rappelle celle en trois parties que la Cité de l'architecture a récemment présenté sous le titre "Un bâtiment, combien de vie ?" On peut aussi la rapprocher des deux expositions récemment consacrées par la Cité aux Kroll et à Yona Friedman, la subversion en mois cependant, car "Réver(cités)" est organisée par l'Observatoire de la Ville sponsorisé par Bouygues. L'ensemble s'avère intéressant, mais pâtit d'une démarche qui procède un peu trop par une accumulation d'études de cas. La scénographie est soignée mais pas toujours efficace : une seule maquette est présentée, les cartels sont toujours très longs et parfois difficiles à lire (notamment quand les textes sont écrits en blanc sur fond jaune). Le choix pertinent des exemples retenus mérite cependant le détour. 


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lundi 7 novembre 2016

"Tous à la plage !"



La Cité de l'architecture présente jusqu'au 12 février 2017 une exposition consacrée à l'architecture des bains de mers en France. La démarche étant essentiellement chronologique, on découvre successivement les premiers bains de mer en Angleterre au dix-huitième siècle, le développement des petites cités balnéaires de la côte normande, l'invention de la Riviera française sur la Côte d'Azur et à Monaco, l'essor des colonies de vacances en Bretagne, les grands projets d'aménagement du littoral en Aquitaine et dans le Languedoc... Les maquettes et projets de construction sont accompagnés de nombreux objets, d'affiches, de photos, le tout étant intelligemment présenté, sans les vidéos souvent excessivement longues ou les cartels interminables qui appesantissent parfois les expositions de la Cité de l'architecture. L'ensemble aurait d'ailleurs pu être présenté dans le musée de la Marine voisin dont les expositions conjuguent souvent rigueur scientifique et accessibilité au plus large public : ce n'est pas sans raison que l'exposition est intitulée "Tous à la plage !" Mais c'est peut-être ce qui en laissera certains frustrés : dans sa volonté de ne pas ennuyer le visiteur, l'exposition évite par exemple d'évoquer la doctrine de l’École des Beaux-arts concernant l'architecture des bains de mer. Par ailleurs, les départements et territoires d'Outre-Mer qui constituent l'essentiel du patrimoine maritime de la France sont quasiment passés sous silence et l'architecture des cités balnéaires de l'époque coloniale est à peine mentionnée. 

http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/26319-tous_a_la_plage.html