jeudi 19 mars 2015

Potrait de ville : Tokyo

La collection Potrait de ville de la revue Archiscopie s'est récemment enrichie d'un nouveau numéro consacré à Tokyo (80 pages, 20 euros). Ce numéro suit un modèle désormais bien rodé. On parcourt l'histoire architecturale de Tokyo, de sa fondation à la fin du seizième siècle à nos jours, à travers son développement urbain et en s'attardant sur les principales constructions et les plus importants jardins. Il manque peut-être, pour une parfaite compréhension de cette histoire, une carte topographique de la région et quelques graphiques sur l'accroissement de la population ainsi que sur les principales activités de la mégapole et sur sa composition sociologique. Mais, par ailleurs, ce Portrait de ville s'avère tout à fait convaincant : l'iconographie est, comme d'habitude, très riche et de très bonne qualité ; quant au style, il est, ce qui est une vraie gageure, à la fois informatif et agréable à lire. Le récit de l'histoire urbaine et architecturale de la ville dresse un portrait des plus vivants de la capitale japonaise qui est aussi la ville la plus peuplée du monde. 


Portrait de ville Tokyo

Signalons pour les amateurs de Tokyo un petit film franco-belge tiré d'un livre d'Amélie Nothomb et intitulé Tokyo fiancée qui porte un regard plein d'ironie sur un certain nombre de quartiers évoqués dans le Portrait de ville évoqué ci-dessus : 


Studio Mumbai à Arc en rêve


On peut voir à Arc en rêve, à Bordeaux, jusqu'au 31 mai 2015, une exposition consacrée aux architectes indiens de Studio Mumbai, brillants défenseurs d'un low tech, à la fois chic et vernaculaire. L'exposition s'avère très intéressante, on y découvre les réalisations les plus marquantes de l'agence à travers des photos et des films, mais on peut aussi y voir de nombreux échantillons des matériaux conçus dans ses ateliers de production. D'étonnantes maquettes en bambous et en bitume donnent une bonne idée du génie de la mise en scène de Studio Mumbai. Certains problèmes ne sont cependant pas abordés : on ignore ainsi quel est le modèle économique de l'agence (de telles réalisations seraient-elles possibles sans la main-d’œuvre indienne à très bas coût ?) et on n'a guère d'informations sur la durabilité de constructions qui paraissent parfois très précaires. L'ensemble mérite cependant incontestablement le détour      

On pouvait aussi voir au musée d'art contemporain de Bordeaux voisin d'Arc en rêve, jusqu'au 15 mars, un film du documentariste allemand Harun Farocki (1944-2014), film fascinant sur la production et l'utilisation des briques en Inde, au Burkina Faso, en France et en Allemagne. 

Studio Mumbai, Tara House, 2005


lundi 9 mars 2015

"Archiscopie" # 1

Jusqu'à l'été 2014, la revue de la Cité de l'architecture, Archiscopie, paraissait sous la forme d'un mensuel de 28 pages au rythme de dix numéros par an, ce qui représentait annuellement environ 280 pages auxquelles il fallait ajouter chaque semestre un bulletin bibliographique et, une fois par an, un Portrait de ville. Les 280 pages de la revue à proprement parler se composaient pour une bonne moitié de textes concernant l'actualité et l'histoire de l'architecture, pour une autre moitié d'annonces de colloques et d'expositions. Cette formule était un peu dépassée : les expositions durant souvent plus d'un mois et les colloques devant être annoncés plusieurs mois à l'avance, les numéros d'Archiscopie s'avéraient parfois inutilement répétitifs, surtout à une époque où de telles informations peuvent sans inconvénient être diffusées en ligne. Après une interruption de plus de six mois, Archiscopie reparaît donc, sous une forme trimestrielle. Le premier numéro, couvrant le premier trimestre de 2015, compte 124 pages (pour 12,50 €) ce qui devrait, en fin d'année, fournir environ 500 pages de lecture : c'est plus que ce que proposait autrefois la revue, même si on tient compte de la division par deux que le format a subi (24 x 16 cm au lieu de 32 x 24 cm), car la nouvelle formule ne comporte plus toutes les annonces d'événements d'actualité qui devraient désormais trouver place sur le site Internet de la revue. Du point de vue du contenu, on retrouve des prises de position critiques sur l'actualité (la Tour Triangle), une quarantaine de pages de présentation de bâtiments récemment construits, une trentaine de pages "Culture" sur les publications récentes et quelques pages consacrées à la recherche en architecture et paysage ainsi qu'une trentaine de pages de bibliographie. Les anciens lecteurs d'Archiscopie ne seront donc pas dépaysés, les équilibres entre les différentes pôles de l'ancienne formule étant respectés dans la nouvelle. Concernant la forme, la revue conserve la mise en page aérée et plutôt agréable de l'ancienne Archiscopie. On peut regretter que la rédaction n'ait pas fait le choix d'un papier, d'une impression et d'un système de reliure de meilleure qualité qui auraient pu faire de chaque numéro un authentique petite livre... On n'a en effet pas affaire à un "bel objet", mais le contenu d'Archiscopie est varié et roboratif et c'est là l'essentiel. Le bilan de cette mue est donc globalement plutôt positif.    

vendredi 6 mars 2015

Actualité de Viollet-le-Duc en Allemagne

La France n'est pas la seule à s'intéresser à Viollet-le-Duc. On peut notamment signaler, pour les germanophones, deux publications académiques récentes (2012) : d'une part une étude du rôle de Viollet-le-Duc dans la fondation du musée du Trocadéro par Susanne Mersmann ; d'autre part une confrontation de l'importance de la géologie chez Viollet-le-Duc, Ruskin et le photographe Aimé Civiale par Jan von Brevern. Cf. ci-dessous deux comptes-rendus bibliographiques en français sur le site de l'Institut historique allemand : 



  

jeudi 5 mars 2015

Criticat # 14

Le quatorzième numéro de la revue Criticat est récemment sorti. Le sommaire est, comme d'habitude, très varié tout en tournant autour d'une problématique principale, en l'occurrence l'aménagement des espaces publics. On peut lire, entre autres, dans ce numéro, un long article sur un projet de rénovation urbaine à Roubaix, une rétrospective de vingt-cinq d'aménagement des espaces publics à Lyon, une remise en cause des interventions de l'Office for metropolitan architecture de Rem Koolhaas à Rotterdam, une étude de la rénovation de la place de la République à Paris et une réflexion sur l'histoire de la ville balnéaire australienne de Golden City. On peut aussi lire une anthologie de textes évoquant l'espace public et notamment des extraits du livre d'Henri Lefebvre de 1973 intitulé Vers une architecture de la jouissance. Mais l'article le plus original est probablement celui consacré par André Bideau à la place tout à fait singulière des ouvrages d'art en béton dans l'identité nationale suisse. 
   

mardi 3 mars 2015

Viollet-le-Duc à la Cité de l'architecture


Il ne reste plus que quelques jours pour voir, à la Cité de l'architecture, l'exposition consacrée à Viollet-le-Duc (1814-1879) et sous-titrée "Les visions d'un architecte". Après les expositions Baltard et Labrouste de l'hiver 2012-2013, respectivement présentées par le musée d'Orsay et la Cité de l'architecture, c'est une nouvelle figure majeure de l'architecture du dix-neuvième siècle qui fait l'objet d'une rétrospective. Cette manifestation est sobrement et efficacement présentée, évitant les fac-similés qui ont entaché certaines expositions précédemment présentées par la Cité de l'architecture (on a heureusement épargné au visiteur les gargouilles en carton pâte...). Par ailleurs, l'exposition se veut exhaustive évoquant bien sûr en Viollet-le-Duc le restaurateur, mais aussi  le savant, le professeur, l'architecte de cour, l'organisateur de cérémonies, le concepteur de meubles, le caricaturiste, le précurseur de l'Art nouveau, l'alpiniste et le passionné de géologie... Le parcours est globalement thématique mais fournit néanmoins, dès le début, l'essentiel des données biographiques nécessaires à la compréhension de la carrière de l'architecte. Ce parcours met aussi très bien en valeur, chez Viollet-le-Duc, le goût des voyages, des montagnes et surtout, du dessin. Il a le mérite de ne pas opposer mais plutôt de réconcilier, chez l'architecte, le rationaliste scientifique et l'amateur de fantaisies ornementales, l'amoureux du passé et le restaurateur parfois dogmatique de certains édifices médiévaux. On peut regretter quelques angles morts, l'exposition s'attardant peu sur les convictions politiques ou religieuses de l'architecte, mais on ne peut que saluer la tenue, à la Cité de l'architecture, d'une nouvelle exposition patrimoniale de grande qualité, classique au meilleur sens du terme.